15 janvier 2012

Woburn House - Sleep Summer Storm (2011)

Plus qu'un simple label, Zeitgeister est avant toute chose une histoire de famille, celle de Christian Kolf (chant, guitare, basse) et de Florian Toyka (batterie), dont tous les projets communs (Valborg, Island) ou parallèles (Owl, Gruenewald pour le premier, Klabautamann pour le second) y sont soigneusement abrités. Il ne manquait plus Woburn House, troisième côté du triangle réunissant leur talent, et jusque là hébergé chez Paradigms Records. C'est désormais chose faite, Sleep Summer Storm scellant cette naturelle réunion. 

Pour ceux qui ne le connaitraient pas, sachez que Woburn House forge une musique des plus personnelles. Inclassable, celle-ci hésite entre Sludge, progressif et Doom atmosphérique. Arc-bouté sur de longues et tortueuses compositions, Message To Ourselves Outside The Dreaming Machine (2006) et Monstrous Manoeuvres in The Mushroom Maze (2009) furent deux oeuvres extrêmement difficiles à appréhender. C'est aussi ce qui faisait leur charme et leur réussite. 

Plus ramassée, cette troisième offrande pourra dans un premier temps décevoir les (rares) familiers de ce qui n'est plus aujourd'hui qu'un tandem. Les dérives instrumentales se font plus timides, corrolaires d'une architecture (à priori) plus simple. Dominé par le chant voilé et les accords décharnés de Christian Kolf, véritable colonne vertébrale autour de laquelle viennent se greffer des aplats mélancoliques, contribuant plus que jamais à le rapprocher des travaux de Valborg auquel on pense beaucoup à son écoute, Sleep Summer Storm réclame en fait de patients préliminaires avant de pouvoir être défloré. Peu à peu, son intimité se dévoile, passé des écoutes initiales où l'emporte une (fausse) impression de manque de puissance. 

Plus riche qu'il n'y parait, plus posé également que ses deux aînés, l'album repose sur des arrangements certes dépouillés mais pourtant totalement habités sécrétatoires d'une profonde et désespérée beauté. La déchirante plainte éponyme, égrenée par cette guitare désenchantée, résume avec justesse les atours squelettiques de cet essai à la tension rentrée dont les touches contemplatives cachent en réalité une énergie larvée, qui parait par moment vouloir exploser ("A Simple Man") sans jamais vraiment y aboutir. 

C'est bien de cette non puissance que Sleep Summer Storm gagne sa dimension si singulière, guidé par des lignes aussi entêtantes qu'hypnotiques. Malgré le soleil figurant sur son inhabituel artwork, aucune lumière ne s'en dégage, oeuvre triste et un peu austère dont le goût d'inachevé est trompeur tant il regorge de subtilités et de richesses tapies derrières les nombreux faux-semblants qu'elle affiche, ne conduisant au final jamais l'auditeur là où il s'y attend... 8/10






More than just a label, Zeitgeist is first and foremost a family story, that of Christian Kolf (vocals, guitar, bass) and Florian Toyke (drums), including all joint projects (Valborg, Island) or parallel (Owl , for the first Gruenewald, Klabautamann for the second) are carefully sheltered. All that was missing Woburn House, the third side of the triangle together their talent, and previously hosted at Paradigms Records. This has now changed, Sleep Summer Storm sealing the natural meeting.

For those who do not know it, know that Woburn House forge a more personal music. Unclassifiable, it hesitates between Sludge, Doom progressive and atmospheric. Braced for long, winding compositions, Message To Ourselves Outside The Dreaming Machine (2006) and Monstrous Manoeuvres In The Mushroom Maze (2009) two works were extremely difficult to understand. This also was their charm and success.

More compact, this third offering will initially disappoint the (few) familiar with what is no longer a tandem. Instrumental drifts are more timid, corollaries architecture (presumably) simpler. Dominated by the sound veiled and agreements emaciated Christian Kolf, the backbone around which the solids are grafted melancholy, contributing more than ever to bring the work of Valborg that comes to mind listening to a lot, Sleep Summer Storm claim in Preliminary result of patients before being deflowered. Gradually, his privacy is revealed, spent initial wire which carries a (false) impression of lack of power.

Richer than it seems, also raised more than its two seniors, the album is based on arrangements certainly robbed yet fully inhabited sécrétatoires a deep and desperate beauty. The eponymous heartbreaking complaint, churned out by this guitar disenchanted, aptly summarizes the trappings of the skeletal blood test which returned the keys contemplative conceals a latent energy, which seems at times to want explode ("A Single Man") without ever really achieve it.

It is this power that not Sleep Summer Storm makes his singular dimension, guided by lines as heady hypnotics. Despite the sun set on his unusual artwork, no light emerges, work sad and a bit austere with a sense of unfinished business is misleading as it is full of subtleties and many treasures lurking behind the pretense that it displays does not lead to the final where the listener expects ... 8 / 10

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