18 janvier 2012

KröniK | After Forever - Invisible Circles (2004)


Préparé quelques mois auparavant par le EP Exordium, chargé de faire patienter et rassurer le fan suite au départ de Mark Jansen parti dans la foulée former son propre groupe, Invisible Circles est publié en mars 2004. Dans la rivalité naturelle bien qu'amicale, issue de cette séparation, entre After Forever et Epica, l'album souffre du fait d'arriver après The Phantom Agony avec lequel la comparaison est facile mais sans grand intérêt. Le premier opus du groupe de Mark Jansen ayant poursuivi avec la réussite que l'on sait le travail là où Decipher l'avait arrêté, mettant à jour le charme affolant autant que le talent d'une jeune recrue de choix, Simone Simons, Sanders Gommans et Floor Jansen se doivent donc de ne pas rater ce second chapitre de leur carrière.

Premier constat, s'il confirme l'orientation plus moderne, sensible sur Exordium, dont il reprend l'esthétique bleutée, Invisible Circles se révèle largement supérieur à son petit prédécesseur, émaillé qu'il est par de très solides compositions tels le furieux "Blind Pain", "Beautiful Emptiness" ou "Sins Of Idealism" aux teintes vaguement orientales. Surtout, en choisissant de s'appuyer sur un concept plus réaliste, alimenté par l'expérience pédagogique du guitariste, enseignant dans la vie de tous les jours, il nous dévoile un groupe plus mature, plus grave dans son propos et dans son univers, malgré le ridicule des tenues dont ses membres se sont sentis obligés de revêtir pour les photos promotionnelles. Corolaire de ce thème connecté à la vie réelle et basé sur les tourments d'une enfant dans un milieu parental troublé, les titres sont recouverts d'une couche sombre laquelle, bien que déjà présente sur Prison Of Desire ou Decipher, s'exprime ici avec plus de désespoir et de désenchantement car elle témoigne de la noirceur d'un monde à la recherche de ses repaires. En découle une œuvre complexe, aux arrangements extrêmement riches, bien que ceux-ci s'éloignent des canons du Gothic symphonique que ses géniteurs ont contribué à établir, au menu assez copieux (douze pistes pour quasiment une heure de musique) et vierge de véritables hymnes instantanés, et que rehaussent quelques touches progressives inédites. Assuré par Amanda Somerville, coach et vocaliste de l'ombre remarquable qui en a supervisé les lignes avec les fidèles Sascha Paeth et Miro, le travail sur le chant se révèle éblouissant. "Reflections", théâtre de multiples pistes vocales (féminines, masculines...) en constitue certainement le plus bel exemple. Floor y fait preuve d'une puissance dramatique qui touche le cœur. After Forever n'a opté ni pour la facilité ni pour le confort qu'aurait pu lui assurer la simple confirmation d'une signature à succès, préférant continuer de façonner son art, quitte à décevoir, certains regrettant une emphase pourtant toujours présente mais prenant forme d'une manière plus grave, plus sombre également. Œuvre plus nuancée que ne l'étaient ses devancières, Invisible Circles réclame nombre d'allers-retours avant de pouvoir en faire le tour, ceci expliquant sans doute son moindre succès. (28.11.2011) ⍖⍖⍖









Prepared a few months earlier by the EP Exordium, in charge of making the fan wait and reassure after Mark Jansen's departure to form his own band, Invisible Circles was released in March 2004. In the natural although friendly rivalry, resulting from this separation, between After Forever and Epica, the album suffers from the fact that it comes after The Phantom Agony with which the comparison is easy but without much interest. Mark Jansen's band's first opus having continued with the success that we know the work where Decipher had stopped him, revealing the frightening charm as well as the talent of a young recruit of choice, Simone Simons, Sanders Gommans and Floor Jansen must not miss this second chapter of their careers. First observation, if he confirms the more modern, sensitive orientation on Exordium, whose bluish aesthetics he takes up, Invisible Circles proves to be much superior to its small predecessor, enamelled that it is by very solid compositions such as the furious "Blind Pain", "Beautiful Emptiness" or "Sins Of Idealism" with vaguely oriental hues. Above all, by choosing to rely on a more realistic concept, fuelled by the guitarist's pedagogical experience, teaching in everyday life, he reveals a more mature group, more serious in its purpose and in its universe, despite the ridiculous outfits that its members felt obliged to wear for promotional photos. A corollary of this theme connected to real life and based on the torments of a child in a troubled parental environment, the titles are covered with a dark layer which, although already present on Prison Of Desire or Decipher, is expressed here with more despair and disillusionment because it reflects the darkness of a world in search of its lairs. The result is a complex work, with extremely rich arrangements, although they are far from the canons of the symphonic Gothic that its progenitors helped to establish, with a rather copious menu (twelve tracks for almost an hour of music) and without real instant hymns, and enhanced by a few new progressive touches. Assured by Amanda Somerville, coach and vocalist of the remarkable shadow who supervised the lines with the faithful Sascha Paeth and Miro, the work on the singing is dazzling. "Reflections", the theatre of multiple vocal tracks (female, male...) is certainly the most beautiful example. Floor shows a dramatic power that touches the heart. After Forever did not opt for the ease and comfort that could have been provided by simply confirming a successful signature, preferring to continue to shape his art, even if it meant disappointing, some regretting an emphasis that was still present but taking shape in a more serious, darker way as well. A more nuanced work than its predecessors, Invisible Circles requires a number of round trips before it can go around, which undoubtedly explains its lesser success. (28.11.2011)

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