Inédit en France bien qu'il ait semble-t-il été exploité dans les salles belges sous le titre Frontières en flammes, Welcome To Hard Time jouit néanmoins d'une petite réputation mais il l'en reste pas moins décevant. Le western commence pourtant bien. Dans le décor boueux d'un embryon de ville au milieu de nulle part, comme échappé de l'enfer où un cheval est abattu et sa carcasse laissée à travers, un tueur fou (Aldo Ray) sème la terreur face à une poignée d'habitants tétanisés par la lâcheté dont le maire (Henry Fonda) incapable de faire régner l'ordre. Inspiré par les bandes italiennes et annonçant d'une certaine manière L'homme des hautes plaines de Clint Eastwood, le film surprend par sa brutalité et son réalisme sordide au sein d'une production westernienne de la fin des années 60 souvent bien terne, à l'exception de Sam Peckinpah ou de Arthur Penn.
Malheureusement, ensuite, Welcome To Hard Time bifurque vers un autre sujet, l'édification d'une petite ville de l'Ouest, dont la sèche violence se trouve éconduite. Le ton se fait plus léger, lorgnant parfois vers la comédie. L'histoire s'enlise, animée par des personnages un peu loufoques mais peu attachants, bien qu'ils soient campés par des acteurs chevronnés comme Warren Oates ou Keenan Wynn. Le film ne se réveille que durant sa dernière partie marquée par le retour du tueur bestial qui se solde toutefois par une fin plus déprimante que tragique. Scénariste réputé, pour Budd Boetticher évidemment (La chevauchée de la vengeance, Comanche Station),Burt Kennedy n'a pas su faire preuve d'une même inspiration comme réalisateur (sauf paradoxalement dans ses rares polars tels Piège au grisbi ou Ordure de flic) et ne se montre par capable de livrer autre chose d'un produit hésitant et maladroit. Heureusement, il y a Henry Fonda et son élégance flegmatique face à une Janice Rule qui ne cesse de lui reprocher sa couardise et nous fait regretter que le cinéma n'ait pas su mieux exploiter son talent et sa beauté. (06.03.2022) ⍖⍖
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