10 juin 2010

CHORD - Flora (2009)

Neurot Recordings - 7.5/10

Des compositions basées sur un seul accord et tricotées par quatre explorateurs du son dont chacun est responsable d’une note à l’intérieur de ce même accord. Cela aurait pu se réduire à de la branlette intellectuelle, à de la musique (?) uniquement destinée à des musiciens avides d’expérimentations. La durée de ces quatre laboratoires sonores -entre et 11 et 16 minutes en moyenne - participe également d’un supposé hermétisme. 

Or, il n’en est rien. Est-ce dû à la présence de Trevor de Brauw, guitariste de Pelican, mais Flora, premier essai de Chord (accord en anglais, ça ne s‘invente pas), possède un caractère profondément aérien et une beauté presque poétique étonnants. De fait, ces quatre pistes instrumentales (quoi d’autre ?), si elles se définissent par un maillage drone hypnotique, n’en forment pas moins de rampe de lancement vers des cieux lointains. 

Lourd peut-être mais ces notes vibratoires qui ondulent et se répandent en un sustain vertigineux se parent peu à peu d’une puissance émotionnelle inouïe au point de conférer à Flora une dimension presque intimiste. Portant chacun des noms d’accords (« Am7 »…), ces titres se ressentent plus qu’ils ne s’écoutent. Vouloir les décrire revient à en déflorer l’aura mystérieuse. 

Happening sonore autant qu’expérimentation autour de la notion de riff, Flora est tout sauf une coquille vide, un objet abscons. « Gramj », par exemple, se déploie sous la forme d’un long crescendo, tout d’abord quasi silencieux avant de s’élever peu à peu telle la brume matinale. Une tension phénoménale gagne alors du terrain, mangeant l’espace jusqu’à une explosion qui ne survient finalement pas. Envoûtant (« Am ») et jamais ennuyeux, Chord démontre que le drone peut, à condition d’être travaillé par des artistes visionnaires et sincères, un art aussi riche que passionnant qui confine à la transe (« E9 »). Le collectif repousse encore un peu plus les limites de l’exploration en ce qu’il est parvenu à conférer une profondeur et une beauté à une musique dont le cahier des charges qui a présidé à sa conception, aurait pu (dû ?) l’en priver. Flora ou quand exploration rime avec beauté. 

A conseiller aux fans du genre et à tous ceux, ouvert d’esprit, qui n’ont donc pas peur de plonger dans les entrailles d’un art aride mais néanmoins sublime. (cT2010)


TRACKLISTING
  1. Am7 15:14
  2. Gmaj 11:29
  3. E9 11:17
  4. Am 16:25
TOTAL RUNNING TIME 54:25


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