30 juin 2016

KröniK | The Slayerking - Sanatana Dharma (2016)


Fondé en 2010, The Slayerking dévoile enfin ses atours par l'entremise de "Sanatana Dharma", (tardive) première offrande dont le bel écrin visuel se révèle riche de promesses, celles d'un doom rock nourri aux années 70 et coloré de pigments psychédéliques, à la mode peut-être mais cependant toujours synonymes de sensations aussi pesantes que jouissives. A la barre de ce navire venu de Grèce, on reconnaît le chanteur de Nightfall, Efthimis K., flanqué à la guitare d'un de ses anciens compères, Kostas K. et d'une certaine, Anna E., derrière les fûts, présence féminine qui n'est pas la seule curiosité d'un groupe qui n'emprunte pas (tout à fait) le chemin que certains, peut-être séduits par cette pochette à l'inspiration stoner, pensaient le voir prendre. Un son lourd voire terreux et une voix sombrement rugueuse trahissent ainsi des racines extrêmes que ni certaines lignes de guitares humides d'un feeling seventies, ni quelques nappes de claviers antédiluviens ne réussissent vraiment à étouffer. De fait, en dépit de parcimonieuses touches aux traits soyeux, comme sur l'inaugural 'She Is My Lazarus' par exemple, l'opus s'enfonce surtout dans les méandres rocailleux d'une musique sombre aux arêtes tranchantes et sévères qui n'est pas sans évoquer les débuts de Paradise Lost et d'une manière générale toute cette scène de la première moitié des années 90 qui ont vu le doom embrasser les ténèbres. L'intro de 'We Are The End', que tisse une guitare d'une froideur minérale, illustre cette évidente filiation, même si par la suite le titre suit un chemin étrange entre respiration tranquille et descente dans les profondeurs d'une mine que seuls de fugaces rais de lumière parviennent à éclairer.  Et si au départ, le projet pouvait sembler fort distant du terrain de chasse habituel de ses auteurs, une écoute attentive témoigne que The Slayerking n'en est finalement pas si éloigné que cela. Œuvre en clair obscur, "Sanathana Dharma" est un peu à l'image de sa pochette, constamment écartelé entre beauté et dureté, entre vie et mort, entre lumière et ténèbres. Riffs plombés dressant un mur dans la nuit ou lignes plus délicates, chant clair ou franchement ombrageux se côtoient, se chevauchent, donnant naissance à un art insaisissable qui gronde d'une sourde colère, d'une tension qui se répand comme un ressac vengeur, ce qu'illustre un 'Southern Gate Of The Sun', plainte terminale dont les atmosphères chamarrées sont meurtries par des traits pesants. Le métier de ces vieux briscards de la scène extrême hellénique explique la très bonne tenue de cette première offrande qu'il semble bien difficile de prendre en défaut. Ecriture impeccable, technique ad hoc et déjà une identité marquée au burin font de The Slayerking  le démiurge d'un gothic doom à la fois évolutif et sinistre. 3/5 (2016)


                                   

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