Entendons-nous bien, Burning Witches n'invente rien, recyclant le heavy metal des années 80 fardé d'une féminité sans laquelle il intéresserait certainement beaucoup moins ! Pourtant, au-delà de l'argument marketing à peine caché derrière un groupe composé uniquement de nanas, toutes de cuir et de clous vêtues, reconnaissons que les Suissesses maîtrisent leur sujet du bout de leurs griffes nacrées, prêtant allégeance à un genre qui a connu son heure de gloire alors même qu'elles n'étaient pas encore dans le ventre de leur mère ! Si "Hexenhammer" (2018) avait intronisé la nouvelle guitariste Sonia Nusselder, qui a depuis parfaitement trouvé sa place, "Dance With The Devil" scelle quant à lui l'arrivée de Laura Guldemond comme frontwoman chargée de remplacer la démissionnaire Seraina Telli que des concerts et le hors-d'œuvre "Wings Of Steel" nous ont néanmoins déjà présentée. Cette troisième cuvée confirme que la Batave est une recrue de choix, s'époumonant comme un Rob Halford dressé sur des talons aiguilles ('Lucid Nightmare'). Bien qu'inspiré par la nuit de Walpurgis, n'attendez pas de cet album une œuvre véritablement conceptuelle. Ce thème n'inspire tout au plus aux damoiselles qu'une ambiance sombre générale et des textes carburant à la sorcellerie ('Black Magic') qui se prêtent bien sûr parfaitement à ce heavy metal aiguisé qu'irriguent vocalises haut perchées et riffs coulés dans l'acier.
Reste en fait une imparable brochette d'hymnes dédiés aux festivals européens où ils seront repris en chœur par une armée de fidèles, entièrement acquis à la cause de ces amazones aussi charmantes que belliqueuses. Celles-ci n'ont que faire des tendres moments auxquelles elles ne sacrifient que les cinq minutes que dure 'Black Magic', power-ballad dans la grande tradition des eighties. Non, plutôt que de ronronner de plaisir, les belles préfèrent mordre. Elles s'y attellent en multipliant les saillies acérées qu'incarnent les redoutables 'Dance With The Devil', 'Six Feet Underground' ou le déjà connu 'Wings Of Steel', qui remplissent une première partie accrocheuse. Moins immédiate bien que tout aussi séduisante ('The Sisters Of Fate'), l'autre moitié enfile les lourds coups de reins ('Necronomicon') et écarte les lèvres d'un monde ténébreux lors de ce 'Threefold Return' qui voit Laura s'aventurer dans un registre presque black metal. Et la relecture du 'Battle Hymn' de Manowar n'est pas que l'occasion pour les filles d'inviter le bassiste de Symphony X, Mike Lepond, et Ross The Boss mais surtout de prendre part à un glorieux héritage et, ce faisant, de souligner leur appartenance à la grande famille du heavy metal. Mélodique et affûté, "Dance With The Devil" est un concentré puissant d'hymnes auxquels il parait bien difficile de ne pas succomber. Burning Witches confirme qu'il n'est pas qu'un assemblage de minettes qui s'amusent à bétonner du metal mais un groupe solide destiné à durer. (09.04.2020 | Music Waves) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire