10 avril 2019

KröniK | Choisir le pire - La foi en ces murs jusqu'aux rats (2018)


Quatrième signe de mort de Choisir le pire, sans compter quelques enregistrements en format digital, "La foi en ces murs jusqu'aux rats" a été capturé live à Lille le 28 juin 2018, rituel sonore dont la brutalité froide et grouillante confine à une forme d'aliénation. S'il nous permet de jauger la violence que Théau Leidner est capable de déverser, de vomir tel un flot bruitiste, l'opuscule a aussi pour mérite de dévoiler de son projet, un visage différent de celui affiché par "La jeune fille et la mort", par exemple, split qui l'a vu se frotter à l'œuvre du matriciel Chier. Désertant à l'occasion de cette messe noire, les rivages du harsh noise, le Messin se laisse happé par un power electronics aux allures de maelström ferrugineux et halluciné.

En cela, cette émanation tend à se rapprocher de la "Représentation du six", autre saillie captée en public (à Metz pour être précis) avec laquelle elle partage une même noirceur rude et ravagée. Reste que "La foi en ces murs jusqu'aux rats" va beaucoup plus loin que son devancier, repoussant les limites d'une agressivité dissonante et polluée. Durant un peu plus de vingt minutes, l'homme déverse un torrent chaotique, épandage assourdissant qui atomise tout dans son sillage, ne laissant que des ruines rongées par la folie. De cette masse bruyante et néanmoins hypnotique sont expulsées des hurlements lointains dont la force stridente procède d'une démence prolifératrice. Face à une telle déflagration corrompue et mortifère, on ne peut que perdre pied. La réalité s'échappe, avalée par un orifice béant, cratère oppressant au bord duquel on dérive, ferrés par la négativité miasmatique qui s'en libère. Radical, le set s'achève brutalement, comme pour mieux en accentuer l'âpreté. Edité en cassette au tirage limité à 32 exemplaires par Le Tombeau des Muses, le propre label de Théau Leidner, l'objet propose en face B une re-création du 'Deathcrush' de Mayhem,  régurgitée à l'origine à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Euronymous, le 10 août 2018, façon de souligner les liens qui existent entre le black metal et la chapelle Noise. Après une amorce statique et gonflée d'une tension paroxysmique, la bête surgit en éjaculant une pure décharge tumorale. L'hymne noir est martyrisé, concassé, fracassé. Mais de ce magma compulsif et saturé, jaillit l'essence diabolique et macabre qui nourrissait les Norvégiens.  Choisir le pire accouche d'un nouveau et terrifiant méfait à sa démesure, glaciale et agressive. (22.01.2019) ⍖⍖⍖





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