Malgré d'immenses possibilités, le thème des Vikings n'a que rarement été exploité de manière convaincante par le cinéma. Certes, il y a eu Les drakkars en 1964 de Jack Cardiff ou plus récemment, l'oubliable 13ème guerrier de John McTiernan en 1999. En réalité, seul le film de Richard Fleischer, au lyrisme époustouflant, a su honorer ce peuple guerrier qui sema la terreur sur les côtés à l'aube du Xème siècle. En retraçant la vie de ces Vikings fiers et combatifs, c'est une véritable plongée dans un pan de l'histoire longtemps considérée comme obscur à laquelle nous sommes conviés. Quand bien même le film demeure probablement fidèle à la réalité, comme l'illustre l'attaque du château fort, très détaillée, sans toutefois éviter quelques anachronismes (les châteaux étaient encore en bois à cette époque et non en pierres), l'intérêt et la réussite des Vikings ne résident pas seulement dans ce souci d'authenticité. En effet, tout dans ce long métrage confine au sublime et à la perfection. Rarement la mise en scène, efficace, de Richard Fleischer n'aura été aussi brillante (à l'exception de 20,000 lieues sous les mers et de Soleil Vert), emballant cette histoire d'une manière éblouissante. Accompagnées parla très belle partition de Mario Nascimbene, les images dues au maître Jack Cardiff s'avèrent elles aussi de toute beauté, magnifiant les drakkars et les fjords légendaires de l'Europe du Nord.
Enfin, Les Vikings ne serait sans doute pas ce qu'il est sans l'apport d'une distribution haut de gamme. De Ernest Borgnine, truculent chef viking, grandiose devant la mort (celle-ci, quand il est jeté en pâture dans une fosse remplie de molosses, l'épée à la main pour rejoindre Odin, constitue un grand moment) à Janet Leigh, comme toujours maltraitée sans se départir de ce charme si personnel, en passant par Tony Curtis, tous se révèlent parfait. Mais il est vrai que la grande composition du film revient à l'immense Kirk Douglas, également producteur, littéralement déchaîné dans le rôle vigoureux et haineux de Einrar. L'acteur témoigne de qualités athlétiques qui n'ont rien à envier à celles de son ami et rival Burt Lancaster. En outre, il ne craint pas d'interpréter un personnage méchant néanmoins flamboyant et attachant. Ses funérailles, qui parachèvent ce chef-d'œuvre du film d'aventures, sont aussi superbes et émouvantes. Il semble alors impossible de ne pas verser une larme lorsque le drakkar, léché par les flammes et dans lequel repose son corps, s'enfonce dans le fjord baigné par le soleil couchant. Bien que défendu par des comédiens reconnus et confirmés Les Vikings s'éloigne pourtant quelque peu des standards hollywoodiens et du glamour en vigueur dans les années 50 par sa volonté de retranscrire l'âpreté de l'époque qu'il raconte, film d'aventures dont la violence et le lyrisme rendent plus adulte. (24.02.2022) ⍖⍖⍖⍖
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