S'il nous a quittés il y a dix-huit ans déjà, Quorton semble pourtant ne pas être mort, tant son âme et son esprit survivent encore et plus que jamais à travers une multitude de groupes qui ne cessent de se revendiquer de son œuvre, celle des débuts, brutale et épurée, comme celle bercée par une inspiration païenne. Nonobstant l'importance qu'a eu exemple Under The Sign Of The Black Mark (1986), album fondateur de l'art noir, notre préférence tend davantage vers le Bathory viking de l'ère Hammerheart (1990) et Twilight Of The Gods (1991). Raison pour laquelle Morrigan ne pouvait que nous séduire. Pourtant, né des cendres de Mayhemic's Truth, ce groupe allemand renvoie une image beaucoup plus dure et abrasive sinon rocailleuse que véritablement épique. A tort car c'est oublier les accents celtiques déjà de mise sur les bien nommés Celts (2003) ou Welcome To Samhain (2006). Mais il n'en demeure pas moins que Anwynn surprend agréablement pour le tribut totalement revendiqué et assumé qu'il doit au Quorton à la fois guerrier et chamane. Cette nouvelle offrande des Teutons désormais installés en Finlande, terre natale de l'actuel batteur Impudicus (Totalselfhatred, Slugathor) se révèle d'autant plus étonnante que nous ne l'attendions pas. Ou plus. En effet, ses géniteurs menaient depuis 2007 une carrière (trop) discrète, au point même de s'endormir entre 2010 et 2013 pour finalement ressusciter à l'occasion d'un Diananns Whisper passé malheureusement inaperçu, suivi d'un curieux split avec Blizzard dont le speed thrash est à des années-lumière de son black atmosphérique.
Nous en étions donc là avec Morrigan. La (bonne) surprise n'en est ainsi que plus grande car autant l'annoncer de suite, Anwynn s'impose comme le plus bel et vibrant hommage rendu au Bathory viking depuis très longtemps. Au bas mot. Il suffit de se plonger dans les gigantesques 'Herald Of The Sleep' ou 'Rome' pour sentir la morsure du Grand Nord et surtout croire qu'un album inédit du Suédois vient d'être déterré du permafrost. Même chant clair et valeureux qui procure des frissons, même ambiance galvanisante, même beauté minérale et forestière. Le mimétisme est évident sans pour autant encombrer une écoute qui ne verse jamais dans le plagiat honteux tant Beliar, fondateur et dernier membre historique du groupe, dresse une inspiration aussi effrontée que grandiose. L'homme n'oublie d'ailleurs pas ses racines les plus barbares comme en témoignent les furieux 'Blind Witch' et 'Feoladaire' grâce auxquels il semble vouloir liquider une bonne fois pour toute son passé sous le signe d'un black encrassé d'une froide rusticité. Ultime oripeau de cette bestialité de jadis, le chant agressif déserte rarement ces envolées granitiques qu'il enténèbre alors néanmoins avec parcimonie ('Taech Duinn'). Davantage que son déjà lointain prédécesseur, Anwynn scelle le véritable retour de Morrigan dont il peut être considéré comme la pièce maîtresse d'une œuvre qui l'installe au sommet du Valhalla. (02.07.2023 | LHN) ⍖⍖⍖
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