Remake d'un film muet de Rex Ingram de 1923, Scaramouche constitue le type même du film de cape et d'épée haut de gamme produit par Hollywood au cours des années 50 et essentiellement par la MGM, déjà responsable de Ivanhoé et du Prisonnier de Zenda, tous les deux réalisés par Richard Thorpe durant cette même année 1952. Le metteur en scène George Sidney vient de la comédie musicale (Le bal des sirènes) et cela se ressent, notamment au niveau du rythme, enlevé, alerte, qu'il parvient à imprimer au film, plus particulièrement dans les scènes d'action dont la plus célèbre est le fuel final opposant Stewart Granger à Mel Ferrer, combat acrobatique se déroulant au sein d'un théâtre dont le cadre est parfaitement utilisé. Film d'aventures certes, Scaramouche n'en est pas moins par ailleurs une formidable comédie, frôlant souvent la parodie (l'épilogue savoureuse marquée par l'apparition de Bonaparte). Les acteurs sont pour beaucoup dans ce ton comique, notamment la toujours magnifique Eleanor Parker qui n'a peut-être jamais été aussi belle et qui surjoue ici mais dans le bon sens du terme.
Stewart Granger, qui a la bonne idée de ne jamais se prendre au sérieux, campe un Scaramouche bondissant, plus proche par son humour et sa décontraction, d'Errol Flynn que de Robert Taylor, toujours plus grave. Il faut noter qu'il s'agit d'une année particulièrement faste pour l'acteur qui tourne également le déjà cité Prisonnier de Zenda et Au pays de la peur de Andrew Marton avec Cyd Charisse. En outre Scaramouche lui permet de roucouler, le petit veinard, entre deux superbes comédiennes, Eleanor Parker donc et Janet Leigh, même si on aurait préféré qu'il reste à la fin avec la première... Bien sûr, la vision de la période révolutionnaire est pour le moins fantaisiste, plus fantasmée que réaliste mais on s'en moque. La rigueur historique n'est pas vraiment le propos, contrairement au spectacle et à la bonne humeur qui priment tout du long. En cela, Scaramouche est un intemporel modèle du genre. (13.02.2022) ⍖⍖⍖⍖
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