10 mars 2019

Cinézone | François Reichenbach - Ourasi, trotteur français (1989)


L'existence même de ce film suffit à expliquer pourquoi Ourasi ne sera jamais remplacé. On imagine mal aujourd'hui un réalisateur de l'acabit de François Reichenbach réaliser un documentaire sur Bold Eagle, l'héritier de l'alezan brûlé (pour le palmarès s'entend), crack inconnu en dehors du cercle restreint des turfistes. Dans les années 80, au contraire, comme le montre ce court-métrage, la France entière (à peu de chose près) connaissait Ourasi, vibrait lors de ses courses qu'elle suivait à la radio, devant la télévision et bien sûr dans l'enceinte d'hippodromes remplis jusqu'à la gueule. Réalisé en 1989 (la VHS date de 1990, raison pour laquelle la quatrième victoire au prix d'Amérique a été accolée en guise d'introduction), ce doc retrace le parcours du trotteur que rien ne prédestinait à entrer dans la légende, entre un pedigree plutôt obscur et un environnement miteux. Plus que ses courses en tant que telles, c'est son caractère qui est brossé en suivant son driver Jean-René Gougeon.
L'analyse de journalistes enrichissent un portrait plus froid et clinique que celui dressé par le film de Jackie Bastide. Contrairement à Homeric, Reichenbach ne prend pas parti (comprendre pour Rachel Teissier dans le procès qu'elle intente suite à la vente du crack) mais cherche à percer le secret de cet équidé quasi mythologique qui n'en faisait qu'à sa tête, à la fois nonchalant et autoritaire, comme s'il avait compris qu'il était différent des autres. Plus qu'un roi (fainéant), il était un dieu. Une étoile blanche n'était-elle pas imprimée sur son front comme une marque divine ? Le film n'occulte pas une fin de carrière chaotique entre l'impossible défaite lors du prix d'Amérique 1989, l'accident cardiaque de celui qu'on a surnommé "Le pape de Vincennes" ni sa contre performance lors de son dernier René Ballière. Sa carrière sur les champs de course approche, à laquelle succédera une seconde, celle d'étalon, manière pour le metteur en scène d'évoquer la magie du métier d'éleveur en quête du cheval parfait. Un petit Ourasi verra-t-il le jour ? A cette époque, tous les espoirs sont encore permis. Las, le champion ne donnera naissance à aucun cheval de son niveau, au grand dam de ses propriétaires... Ce qui participe finalement à sa légende... (vu le 09.03.19)


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