Quand deux des plus sinistres
(dans le bon sens du terme) émissaires du black suicidaire décident d'unir
leurs forces, ils accouchent d'un split des bois s'enfonçant dans les
profondeurs de la dépression la plus indicible. Sept titres, quatre pour Nortt
(dont une intro et une outro) et trois pour Xasthur ; deux one man bands, mais
une même vision d'un black ultra lent et douloureux bien que leur façon de le
forger diffère quelque peu. Avec Hedengang,
monument de tristesse et de désolation gravé en 2001, Nortt déverse comme à
l'accoutumée son funeral black doom aussi rapide qu'un escargot filmé au
ralenti et qui érige le caractère répétitif des morceaux comme un art. Ces
longues plages forment un bastion imprenable bâti sur des nappes de claviers
funéraires et des guitares grésillantes (un peu à la manière de Until Death
Overtakes Me), sur lesquelles est plaqué un chant caverneux et que fissurent
par moment des notes de piano désincarnées. Quant à Malefic, l'âme sombre de
Xasthur, il profite de cette expérience du split qu'il affectionne
particulièrement, comme la plupart des combos de l'extrême d'ailleurs, pour
expérimenter, timidement il est vrai. Pas de révolution du côté de l'Américain,
pas de surprise non plus, mais une tentative instrumentale logique et cohérente
lorsque l'on connaît son style où les vocaux, de toute façon inaudibles
résonnent toujours comme un écho lointain. Sa contribution s'inscrit donc
parfaitement dans la lignée de ses autres méfaits. Plus black et (un peu) plus
rapide que Nortt, Xasthur nous régale de ses complaintes hypnotiques qui
confinent à la transe, conduites par des rush de guitares polluées. Une très
bonne pioche donc, à laquelle on peut néanmoins préférer le split réunissant
Xasthur et Leviathan, énorme synthèse de ce qu'est le vrai black américain
underground. 3.5/5 (2007)
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