10 février 2019

KröniK | Motorowl - Atlas (2018)


Auteur il y a deux ans d’un galop d’essai du feu de dieu, Motorowl n’avait pas le droit de décevoir en offrant à "Om Generator" un successeur que nous étions nombreux à attendre comme un Graal heavy et moelleux tout ensemble. Dont acte. Pour ceux qui auraient raté le premier épisode, sachez que les Teutons peuvent – à juste titre – être considérés comme la plus belle découverte que le hard rock coulé dans le doom et drapé dans un psychédélisme aussi douillet que généreux nous a offert depuis… Kadavar. Des Allemands, aussi, ça tombe bien et change un peu des Suédois, maîtres incontestés de ce revival seventies dont on ne se lasse décidément pas.

Le puissant Century Media  (qui l’héberge) et le légendaire Dan Swanö, qui a mixé et masterisé cet opus inaugural, ne s’y sont donc pas trompés en se penchant de suite au-dessus du berceau du groupe. Si l’ancien Edge Of Sanity n’en pas assuré la prise de son, "Atlas" illustre pourtant plus encore que son devancier ce qui a pu lui plaire chez Motorowl, à savoir cet arôme furieusement progressif qui donne à la musique du quintet de Gera sa saveur si particulière. L’omnipotence des claviers aux accents brumeux et la voix de Max Hemman tour à tour caillouteuse ou fragile forment les arcs-boutants de cette cathédrale progressive à l’intérieur de laquelle des compositions aux allures de pièces d’orfèvre se déploient, déroulant leurs tentacules épiques à l’image de ‘Norman Jean’ qui étale sur plus de neuf minutes un substrat duveteux où s’infiltrent d’épaisses coulées de guitares. Tous les musiciens sont à l’unisson d’une noirceur évolutive où l’orgue se pare d’un suaire nocturne cependant que le chant n’hésite pas forer la mine. Lents et sombres, les paysages se succèdent en un défilé grandiose qui ne souffre d’aucune longueur, témoignant de la maturité que le groupe a acquise en si peu de temps.  Avec ce deuxième effort, les Allemands franchissent clairement un cap aussi bien en termes d’écriture que d’arrangement. On se prend alors déjà à rêver d’un troisième album qu’on imagine plus massif encore. Parce que lorsque de jeunes musiciens venus de nulle part sont capables d’accoucher de joyaux comme "Atlas" les enfile, un avenir exceptionnel ne peut que s’offrir à eux. En attendant il y a cette deuxième aventure aux allures d’épopée qui conjugue énergie galopante et délicatesse humide et dont chaque pan dépasse les cinq minutes au compteur, ouvrant à leurs auteurs l’espace nécessaire pour tisser accroches mordantes et ambiances enveloppantes parfois quasi spatiales (‘To Give’). Pesant et délié, le morceau éponyme symbolise parfaitement le style des Allemands où l’émotion de lignes vocales à fleur de peau dispute le terrain à une instrumentation généreuse. Si les claviers, dont les touches trempent dans une vaste palette (‘To Take’), se taillent la part du lion, cette partition n’en demeure pas moins efficace (‘Infinite Logbook’) quand bien même chaque titre change de ton et de trait au gré de développements sinueux, comme le révèle ce ‘Cargo’ dont les atours bouleversants ne l’exonèrent pas d’une force souterraine et percutante. Que dire de plus si ce n’est que Motorowl, avec cet "Atlas" gigantesque, réussit haut la main l’étape du deuxième album avec cette aisance effrontée qui le caractérise. Mieux, il y affine ce verbe plus progressif que stoner qui lui sert à écrire un doom rock aussi onctueux que racé. (31.07.2018) ⍖⍖⍖⍖







Author two years ago of a test gallop of the fire of God, Motorowl had no right to disappoint by offering "Om Generator" a successor that many of us were waiting for like a heavy and soft Grail all together. Of which act. For those who missed the first episode, know that the Teutons can - rightly - be considered as the most beautiful discovery that hard rock cast in the doom and draped in a psychedelic as cozy as generous has offered us since... Kadavar. Germans, too, are a good thing and change a little bit from the Swedes, the undisputed masters of this seventies revival of which we definitely don't get tired. The powerful Century Media (which hosts it) and the legendary Dan Swanö, who mixed and mastered this inaugural opus, made no mistake about it by immediately leaning over the band's cradle. Although the old Edge Of Sanity did not record the sound, "Atlas" illustrates even more than its predecessor what Motorowl might have liked, namely the furiously progressive aroma that gives the music of the Gera quintet its very special flavour. The omnipotence of the keyboards with their misty accents and the voice of Max Hemman, alternately stony and fragile, form the buttresses of this progressive cathedral inside which compositions resembling pieces of silversmith unfold, unfolding their epic tentacles like Norman Jean, who spreads over more than nine minutes a fluffy substrate where thick guitar flows. All the musicians are in unison in an evolving darkness where the organ is adorned with a night shroud while the singing does not hesitate to drill the mine. Slow and dark, the landscapes follow one another in a grandiose parade that suffers no length, testifying to the maturity that the group has acquired in such a short time.  With this second effort, the Germans are clearly taking a step forward in terms of both writing and arranging. We are already dreaming of a third album that we imagine even more massive. Because when young musicians from nowhere are able to give birth to jewels like "Atlas", an exceptional future can only be offered to them. In the meantime, there is this second adventure with the appearance of an epic that combines galloping energy and wet delicacy, with each side exceeding five minutes on the clock, opening up for their authors the necessary space to weave biting hooks and sometimes almost spatial enveloping atmospheres ('To Give'). Weighed and untied, the eponymous piece perfectly symbolizes the style of the Germans where the emotion of vocal lines at the surface of the skin competes with a generous instrumentation. If the keyboards, whose keys soak in a vast palette ('To Take'), carve out the lion's share, this score is nevertheless effective ('Infinite Logbook') even if each track changes tone and line according to sinuous developments, as revealed by this "Cargo" whose shocking attire does not exempt it from an underground and striking force. What more can I say if it is only that Motorowl, with this gigantic "Atlas", succeeds hands down in the second album stage with the cheeky ease that characterizes him. Better yet, he refined this verb more progressive than stoner, which he used to write a doom rock as smooth as it is racy. (31.07.2018)

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