24 novembre 2016

KröniK | Motorowl - Om Generator (2016)


Alors que la plupart des (sous-)genres à la mode finissent fatalement par s'essouffler très vite, il en est pourtant un qui échappe à ce fatalisme, car loin de se tarir et encore moins de nous lasser. Stoner, revival 70', psyché ou tout simplement (hard) rock, collez-lui l'étiquette que vous voulez, le fait est que toute cette vague inspirée des seventies, mamelles généreuses que tant de groupes s'emploient à téter avec avidité jusqu'à plus soif, quitte à en piller tout le lait nourricier, alimente sans cesse nos veines en sang frais, tel ce Motorowl, sorti de nulle part et dont les membres, comme le souligne sa biographie, n'avaient même pas vingt ans lorsqu'ils se sont réunis en 2014 ! 

S'il est toujours curieux de voir des musiciens tremper leurs racines dans une époque qu'ils n'ont pas connue, reconnaissons que la jeunesse de ce quintet ne saute pas vraiment aux oreilles. Au contraire, déjà mature, il possède l'assurance tranquille de vieux briscards, accouchant avec "Om Generator" d'un album dont l'insolente maîtrise laisserait penser qu'il s'agit du dernier rejeton en date d'une longue carrière alors qu'il n'en est que l'amorce. Flairant le bon coup, Century Media le signe aussitôt. A son écoute, on comprend mieux pourquoi Dan Swanö, ancien gourou de toute la scène extrême scandinave des années 90, ne tarit pas d'éloges au sujet du groupe et d'une offrande qu'il a mixée et masterisée. Une fois n'est pas coutume, Motorowl ne vient pas de Suède, quasi épicentre de ce retour en arrière, mais d'Allemagne, terre où Kadavar, l'un des fers de lance de cette mouvance, a cependant aussi vu le jour. Cette origine géographique détermine une approche du genre sinon plus moderne, au moins plus heavy et couillue, dont témoignent une rythmique appuyée et le chant par moments rocailleux de Max Hemmann (sur 'Beloved Whale' par exemple), quand bien même son registre habituel, idéal pour guider ce voyage dans le temps, se veut généralement plus émotionnel quoique toujours puissant. Gorgée d'un feeling mélancolique, sa voix s'impose comme la clé de voûte de compositions ciselées avec une énergie qui ne muselle pas une belle finesse de touche. Mais ce ne sont pas là les seuls traits qui permettent à Motorowl de s'extraire d'ores et déjà du tout-venant. Ces claviers aussi humides que moelleux ('One And Zero') et tout simplement une écriture bien au-dessus de la moyenne, laissant des ambiances feutrées tapisser le paysage de couleurs soyeuses, complètent ces qualités qu'il convient de mettre à l'actif de du groupe. Sillonné de mélodies ensorcelantes, "Om Generator" bénéficie en outre d'une architecture merveilleuse, ouvrant son huis avec le titre éponyme, dont les modelés rampants sont soulignés par un orgue Hammond volubile et se refermant sur un 'Spiritual Healing', lente échappée du feu de dieu, longue de plus de huit minutes au compteur, tout en progression et en atmosphères cosmiques. Entre ces deux sentinelles, les morceaux de bravoure ne manquent pas, du diptyque 'The Highest City', pulsation orageuse lors de son premier pan, où se chevauchent nombre de breaks, plus doucereux dans sa seconde partie, en passant par 'Old Mans Maze' dont le tempo s'emballe peu à peu en une irrésistible accélération, qui permet au guitariste Vinzenz Steiniger de livrer une performance flamboyante, sans oublier 'One And Zero', bien lourd aux entournures. Même le court 'White Horse' mérite d'être cité pour ses lignes râblées et ses envolées spatiales. Bref, tout y est (déjà), débordant de partout : les compos, l'énergie, la classe, le feeling. Avec "Om Generator", Motorowl ne signe pas seulement un des meilleurs opus de stoner de l'année mais un des meilleurs albums tout court ! (18/08/2016) ⍖⍖⍖⍖

                                   




While most of the fashionable (sub)genres inevitably end up running out of steam very quickly, there is one that escapes this fatalism, because far from drying up and even less tiring us up. Stoner, revival 70', psychedelic or simply (hard) rock, stick the label you want, the fact is that all this wave inspired by the seventies, generous udders that so many groups are working to suck with greed until more thirsty, even if it means looting all the milk that feeds it, constantly feeds our veins with fresh blood, like this Motorowl, who came out of nowhere and whose members, as his biography shows, were not even twenty years old when they met in 2014! If it is always curious to see musicians soaking their roots in a time they have not known, let us recognize that the youth of this quintet does not really jump to their ears. On the contrary, already mature, he has the quiet confidence of an old man, giving birth with "Om Generator" to an album whose insolent mastery would suggest that it is the latest offspring of a long career when it is only the beginning. Century Media immediately signs off on the right thing. Listening to him, we can better understand why Dan Swanö, a former guru of the whole Scandinavian extreme scene of the 90s, is full of praise for the band and for an offering he mixed and mastered. For once, Motorowl does not come from Sweden, almost the epicentre of this step backwards, but from Germany, the land where Kadavar, one of the spearheads of this movement, was also born. This geographical origin determines an approach of the genre, which is if not more modern, at least heavier and more slender, as shown by a strong rhythmic and Max Hemmann's sometimes rocky singing (on "Beloved Whale" for example), even though his usual register, ideal to guide this journey through time, is generally more emotional although always powerful. Full of a melancholic feeling, her voice imposes itself as the keystone of compositions carved with an energy that does not muzzle a beautiful touch finesse. But these are not the only features that allow Motorowl to get away from the newcomer. These keyboards, as wet as they are soft ('One And Zero') and quite simply a writing well above average, leaving felted atmospheres to line the landscape with silky colours, complete these qualities that should be put to the group's credit. Filled with bewitching melodies, "Om Generator" also benefits from a marvellous architecture, opening its huis with the eponymous title, whose creeping shapes are underlined by a voluble Hammond organ and closing on a "Spiritual Healing", a slow escape from the fire of God, lasting more than eight minutes on the counter, while in progression and in cosmic atmospheres. Between these two sentinels, there is no shortage of bravery, from the diptych "The Highest City", a stormy pulsation during its first pan, where many breaks overlap, more sweet in its second part, to "Old Mans Maze" whose tempo gradually increases in an irresistible acceleration, which allows the guitarist Vinzenz Steiniger to deliver a flamboyant performance, without forgetting "One And Zero", very heavy with surroundings. Even the short'White Horse' is worth mentioning for its ragged lines and spatial flights. In short, everything is (already) there, overflowing from everywhere: the compositions, the energy, the class, the feeling. With "Om Generator", Motorowl not only signs one of the best stoner's opuses of the year but one of the best albums of the year! (18/08/2016)


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