6 février 2019

KröniK | Khemmis - Desolation (2018)


Gageons que l'appui qu'il reçoit désormais de la part du mastodonte Nuclear Blast devrait permettre à Khemmis de répandre sa bonne parole à une plus grande échelle. De fait, nombreux sont ceux qui pousseront la porte d'entrée de l'univers des Américains avec "Desolation". Ils ne pouvaient rêver mieux même si les fidèles du premier rang noteront que le groupe, sans la changer radicalement, fait montre sur ce troisième album d'une volonté de policer sa signature après avoir enfanté un "Hunted" (2016) unanimement salué par les spécialistes (ceci expliquant peut-être cela). Habillé, à l'instar de ses devanciers, d'un très beau visuel que signe le fidèle Sam Turner, cet opus récite les Tables de loi d'un doom metal d'une grande pureté de trait, lumineux et trempé dans l'acier, ce qu'il doit déjà beaucoup à son principal chanteur, narrateur de récits épiques et funestes.

Phil Pendergast procure des frissons avec son chant (clair) puissamment émotionnel qui n'est pas sans rappeler celui de Tom Phillips de While Heaven Wept, patriarche dans les pas duquel Khemmis paraît de plus en plus vouloir marcher à l'image d'un 'Flesh To Nothing' majestueux et solennel. Toutefois, le metal que sculpte le quatuor de Denver conserve une dureté dont les guitares charnues et menaçantes ('The Seer') sont les robustes arcs-boutants que poissent de mazout les growls de Ben Hutcherson. Le fait que le batteur Zach Coleman cogne aussi chez les death metaleux de Vasaeleth témoigne de cet ancrage parfois ténébreux lequel fait plus qu'affleurer à la surface d'un 'Maw Of Time', sans doute le titre le plus sombre et extrême du lot, que sabrent de noires fulgurances. Bénéficiant d'un son massif concocté par Dave Otero , "Desolation" est donc une œuvre toute en contraste à la fois limpide et pétrifiée, accrocheuse par moments, tel ce 'Isolation' au rythme enlevé, le plus souvent plombée et minée par une mélancolie belle à pleurer qui se double d'un inexorable désespoir dont 'From Ruin', du haut de ses quasi dix minutes au garrot, est le monumental cénotaphe. Mais il n'en demeure pas moins qu'en soulignant ses racines heavy metal à la Maiden, voire tout simplement hard rock façon Thin Lizzy, le groupe injecte une bonne dose de mélodies qu'irriguent ces harmonies de guitares que ne renieraient pas les deux références citées. Heureusement, une noirceur charbonneuse est donc toujours là, en maraude, tapie dans les recoins de ces compositions architecturées avec minutie, comme le démontre ce 'Bloodletting', révélateur de cette écriture ravinée qui, après une première partie placée sous le signe d'un doom élégiaque, bascule au fond d'un puits sans fin aux confins du death. Troisième effort des Américains, arrivant qui plus est après l'acclamé "Hunted", "Desolation" était fortement attendu. Fort d'un menu impeccable, écartelé entre beauté et ténèbres, ne doutons pas qu'il devrait confirmer Khemmis parmi les formations les plus douées du moment et lui ouvrir le succès commercial qu'il mérite. (19.07.2018) ⍖⍖⍖





Let's bet that the support it now receives from the mastodon Nuclear Blast should allow Khemmis to spread his good word on a larger scale. In fact, many will be pushing the door to the American world with "Desolation". They couldn't have dreamed better even if the faithful in the front row will notice that the band, without radically changing it, shows on this third album a willingness to police its signature after having given birth to a "Hunted" (2016) unanimously greeted by the specialists (this explaining perhaps that). Dressed, like his predecessors, in a very beautiful visual signed by the faithful Sam Turner, this opus recites the Tables de loi of a doom metal of great purity of line, luminous and soaked in steel, which he already owes a lot to his main singer, narrator of epic and fatal stories. Phil Pendergast brings shivers with his (clear) powerful emotional singing that is reminiscent of While Heaven Wept's Tom Phillips, patriarch in whose footsteps Khemmis increasingly seems to want to walk in the image of a majestic and solemn'Flesh To Nothing'. However, the metal sculpted by the Denver quartet retains a hardness whose fleshy and threatening guitars ('The Seer') are the robust buttresses that Ben Hutcherson's growls use with oil. The fact that drummer Zach Coleman also hits the Vasaeleth death metal players testifies to this sometimes dark anchoring which more than just emerges on the surface of a "Maw Of Time", undoubtedly the darkest and most extreme title of the lot, which is sabred by blacks of lightning. Benefiting from a massive sound concocted by Dave Otero, "Desolation" is therefore a work in stark contrast that is both limpid and petrified, catchy at times, such as this "Isolation" with its rhythm removed, most often leaden and undermined by a melancholy that is beautiful to cry and is coupled with an inexorable despair of which "From Ruin", from the top of its almost ten minutes at the tourniquet, is the monumental cenotaph. But the fact remains that by emphasizing its heavy metal Maiden roots, or even simply Thin Lizzy hard rock, the group injects a good dose of melodies into these guitar harmonies that would not be denied by the two references cited. Fortunately, a grim darkness is still there, in a state of marauding, lurking in the nooks and crannies of these meticulously crafted compositions, as demonstrated by this "Bloodletting", revealing this ravined writing which, after a first part placed under the sign of an elegiac doom, falls to the bottom of an endless well on the edge of death. Third effort of the Americans, arriving even more after the acclaimed "Hunted", "Desolation" was eagerly awaited. With an impeccable menu, torn between beauty and darkness, let us not doubt that he should confirm Khemmis among the most talented bands of the moment and open up the commercial success he deserves. (19.07.2018)

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