Les meilleures comédies ne sont-elles pas celles qui abordent des sujets qui n'ont rien de drôle ? L'argent de la vieille en constitue un bon exemple car derrière ses allures un peu vulgaires, se cache une satire féroce comme les (grands) réalisateurs italiens les affectionnaient. Plusieurs strates se superposent dans cet excellent film de Comencini. Il y a tout d'abord ces parties de cartes qui passionnent autant le spectateur que le bidonville qui les suit, emporté dans une folie contaminatrice. Il y a ces portraits que croque un scénario malin, ceux de la famille italienne et de personnages hauts en couleurs qu'incarne une belle poignée de seconds rôles tels que Mario Carotenuto, visage familier de tant de sexy comédies. Il y a bien sûr ce combat en filigrane, perdu d'avance, entre le capitalisme et de pauvres hères, figures d'un prolétariat débraillé et condamné dans un monde sans pitié. L'oeuvre est constamment drôle mais souvent cruelle aussi, évitant les manichéismes.
D'un abord sympathique, la vieille apparaît ensuite dans toute son avarice. Peppino et Antonia succombent à la fièvre du jeu et de l'argent au point de devenir insensibles à l'état de santé chancelant de leur hôte. Les acteurs sont parfaitement choisis et dans leur rôle respectifs avec un très grand Alberto Sordi et une Bette Davis aristocratique dont il faut voir le vrai caractère peu à peu fissurer le visage parcheminé... (vu le 23.02.19)
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