9 janvier 2019

Raven Throne | I Miortvym Snicca Zolak (2018)


Avec "I Miortvym Snicca Zolak...", Raven Throne  n'offre pas uniquement leur plus bel effort mais surtout un pur joyau de black metal comme seul les groupes d'Europe de l'Est savent en enfanter, frissonnant et sinistre, forestier et terreux, qui sent l'humus froid et la résine.  

Biélorusse de sol, Raven Throne se veut par contre Ukrainien de coeur sinon de sang. Mais plus que Drudkh, premier nom qu'évoque ce black metal atmosphérique ancré dans la terre froide des pays de l'ex Union Soviétique, et auquel on pense forcément un peu cependant (nous y reviendrons), c'est du (désormais) fantôme de Kladovest - que la présence en son sein de Thurios, liait d'ailleurs autrefois à la horde de Roman Saenko - dont le groupe se rapproche peut-être finalement le plus.

S'il a lui aussi vu la nuit (plutôt que le jour) il y a une quinzaine d'années déjà, comme les deux références pré citées, Raven Throne végète quant à lui depuis trop longtemps dans l'ornière d'une relative confidentialité, la faute aux obscurs labels qui ont diffusé ses cinq premiers opus, à l'exception de Possession Productions qui s'est chargé voilà deux ans de la publication de "Šliacham zabytych". Gageons que l'appui de Non Serviam, qu'il reçoit désormais, devrait lui permettre d'accéder à l'étage du-dessus et ne plus être réduit au pale statut de copiste de seconde zone. Il le mérite comme le démontre "I Miortvym Snicca Zolak...". Quoiqu'elle creuse le même sillon mélancolique que les Ukrainiens, autant pour le chant hargneux de War Head, qui rappelle celui de Thurios, que pour cette manière de peindre des paysages forestiers englués dans le froid d'un hiver rigoureux, véritable marqueur identitaire, cette sixième offrande s'appuie sur une écriture suffisamment belle et inspirée pour s'affranchir de ces comparaisons. De fait, la principal force du duo biélorusse tient dans sa capacité à composer de superbes pièces, vibrantes d'émotions, lesquelles naissent de ces lignes de guitare belles comme un chat qui dort en boule, aussi entêtantes que glaciales, témoin l'inaugural 'Vietru', qui charrie une tristesse à la fois boisée et torrentueuse. En l'espace d'un peu plus de sept minutes, le charme opère, drainant des images de froides forêts nimbées de brouillard et de montagnes en noir et blanc. Chargé d'une beauté désespérée et d'ambiances empreintes d'une noirceur champêtre, le black metal épique que sculpte Raven Throne n'oublie jamais de se parer d'une vigueur mordante, lorsqu'il fait souffler le blizzard. Fardé de guitares acoustiques et de claviers emphatiques mais discrets, 'Imža, i sklizota, i prykraja zol' illustre cette âpreté minérale qui se conjugue à un élan atmosphérique. 'Žyvoj kryvi žyvyja cielcy' affiche une dureté plus abrasive encore, vrillé par des riffs grésillants comme un scalpel rouillé labourant la peau. Avec "I Miortvym Snicca Zolak...", Raven Throne  n'offre pas uniquement leur plus bel effort mais surtout un pur joyau de black metal comme seul les groupes d'Europe de l'Est savent en enfanter, frissonnant et sinistre, forestier et terreux, qui sent l'humus froid et la résine.  (28/08/2018)


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