28 janvier 2019

A lire | Pa Vesh En - Church Of Bones (2018)


Le black metal, dans sa définition la plus dépressive et primitive, est friand de ces misanthropes à face de goule qui pondent des albums comme d'autres vont aux chiottes, tout seul dans leur coin. Des démos par palettes entières et des splits partagés avec tout ce qui rampe dans les profondeurs de la chapelle noire, s'enchaînent à un rythme frénétique, conférant rapidement à leurs auteurs une aura culte. Xasthur, Leviathan ou Striborg hier, Pa Vesh En aujourd'hui. Dernier de ces projets qui ne peuvent proliférer que dans les artères macabres de caveaux humides, cette entité échappée des froides forêts biélorusses s'est taillée un nom (mystérieux) en moins de deux ans. Deux démos ("Knife Ritual" puis "Dead Womb") éditées en format cassette (quoi d'autre ?), suivi d'un 7 pouces au titre bien nommé ("A Ghost") et enfin une alliance avec Temple Moon, jonchent le sol d'une grotte éclairée à la chandelle qu'une première offrande longue durée vient allonger en ce début d'automne 2018.

La créature de la nuit aligne tous les invariants propres au  black metal régressif comme des pinces à linge sur un fil. Mais, visuel morbide en noir et blanc, prise de son brumeuse et identité anonyme participent de cette atmosphère spectrale qui enrobe cette oeuvre tel un suaire pourrissant. Reste que la magie (noire, forcément) de cet art haineux et blafard opère encore une fois. Et on finit par être engourdis puis happés par ces plaintes lancinantes grouillant dans une sinistre bouillie. Résonnant comme un râle étouffé, capturé dans les entrailles d'une crypte noyée dans les ténèbres, le chant est inaudible, souligné par un tempo tordu qui parfois s'emballe (A Funeral Procession). Tout concourt à plonger "Church Of Bones" dans un éther macabre aux confins d'un ambient sépulcral qu'égrènent des claviers cafardeux (La valse Macabra). Néanmoins, on devine derrière cette façade polluée, un talent réel qui fait de Pa Vesh En autre chose qu'une gargouille de plus ruminant son mal-être et sa haine de la race humaine. Il suffit ainsi d'écouter une complainte telle que « Pale Body... » pour constater que son géniteur possède une écriture plus travaillée qu'il n'y paraît, laquelle se conjugue à une manière assez personnelle de fouiller l'obscurité, de matérialiser des ambiances blêmes. Drapée dans un halo livide, cette hostie possède le goût d'une bile vénéneuse. Les titres s'enchaînent en une danse (macabre) entêtante, litanie fantomatique à travers les couloirs caverneux d'une cavité froide et enténébrée. Cénotaphe lugubre noyé dans une brume funéraire, "Church Of Bones" se montre à la hauteur de l'intérêt suscité par les brouillons qui l'ont préparé, confirmant au passage que Pa Vesh En n'a pas volé son aura déjà culte. (01/10/2018) ⍖⍖⍖





Black metal, in its most depressive and primitive definition, is fond of these ghoul-faced misanthropes who produce albums like others go to the toilet, alone in their corner. Demos by full pallets and splits shared with everything that crawls into the depths of the black chapel, follow one another at a frenetic pace, quickly giving their authors a cult aura. Xasthur, Leviathan or Striborg yesterday, Pa Vesh Today. The last of these projects, which can only proliferate in the macabre arteries of damp cellars, this entity escaped from the cold Belarusian forests has carved out a (mysterious) name for itself in less than two years. Two demos (Knife Ritual then Dead Womb) published in cassette format (what else?), followed by a 7-inch with a well named title (A Ghost) and finally an alliance with Temple Moon, lit up the ground of a candlelit cave that a first long-lasting offering extends in early autumn 2018. The creature of the night aligns all the invariants specific to regressive black metal like clothes pegs on a line. But, morbid black and white visual, mist recording and anonymous identity are part of the spectral atmosphere that envelops this work like a rotting shroud. However, the magic (black, necessarily) of this hateful and pale art works once again. And we end up being numb and then caught up in these haunting complaints teeming in a sinister mess. Resounding like a muffled rail, captured in the bowels of a crypt drowned in darkness, the song is inaudible, underlined by a twisted tempo that sometimes gets carried away (A Funeral Procession). Everything contributes to plunge Church Of Bones into a macabre ether at the borders of a sepulchral environment that ejects cafard-like keyboards (La valse Macabra). Nevertheless, behind this polluted facade, one can guess a real talent that makes Pa Vesh More than just another gargoyle ruminating about his unease and hatred of the human race. All you have to do is listen to a complaint such as "Pale Body... "to find that his progenitor has a more elaborate writing than it seems, which is combined with a rather personal way of searching the darkness, of materializing pale atmospheres. Draped in a livid halo, this host has the taste of a poisonous bile. The titles follow one another in a heady (macabre) dance, a ghostly litany through the cavernous corridors of a cold and dark cavity. A gloomy cenotaph drowned in a funeral mist, "Church Of Bones" is equal to the interest aroused by the drafts that prepared it, confirming in passing that Pa Vesh En has not stolen his already cult aura. (01/10/2018)


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