20 décembre 2016

KröniK | Cross Vault - Miles To Take (2016)


Nous ne le répéterons jamais assez mais, plus que tout autre genre, le doom se veut surtout une question de foi. Son terreau, basé sur la souffrance et le désespoir, se révèle aussi universel qu'intemporel. Ce qui explique pourquoi cette chapelle traverse les modes, avec une forme de noblesse sentencieuse. Héritiers d'une longue tradition d'Outre-Rhin, dont Mirror Of Deception demeure un des plus respectables fleurons, Cross Vault honore ce culte depuis seulement trois ans, illustrant ainsi cet afflux constant de sang neuf, sans pour autant rompre avec l'orthodoxie d'un credo où l'audace, l'innovation, priment moins que l'allégeance à des valeurs fondatrices et immuables. De fait, succédant aux remarqués « Spectres Of Revocable Loss » et « The All-Consuming », gravés respectivement en 2014 et 2015, « Miles To Take » ne confirme pas uniquement, en dépit de son format très court - il s'agit en effet d'un simple EP qu'animent deux nouveaux titres de sept minutes chacun en moyenne -, le potentiel de ces Teutons, il est surtout une pierre supplémentaire, minérale et épique, à cette cathédrale qui semble abriter toute la tristesse du monde. Le doom qu'ils sculptent doit beaucoup de son pouvoir d'évocation et de sa force émotionnelle au chant de N., par ailleurs prêtre au sein de la chapelle noire avec son projet baptisé Horn, lequel, empreint d'une solennité tragique, étend un suaire miséricordieux sur un socle englué dans une mélancolie plombée. A ce titre, 'A Hand Moving Mountains' s'avère être un modèle du genre, d'une admirable pureté de traits, irrigué par des lignes de guitares belles comme un chat qui dort cependant que cette voix superbement heavy, d'une gravité lyrique, vient éroder les fondations granitiques de ce tertre sévère. Quant à l'éponyme 'Miles To Take', il est une plainte contrite, minée par une faute qui ne peut être pardonnée dont le vecteur est encore ce pinceau vocal d'une beauté déchirante teintée d'une bouleversante fébrilité. Ses deux titres illustrent la dévotion de Cross Vault pour un doom traditionnel d'une épure désenchantée. 3.5/5 (2016)  


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