En quelques mots : Malgré
ses 86 ans (!), Clint Eastwood poursuit sa carrière avec une régularité qui
force le respect. Après plusieurs échecs
commerciaux mais certainement pas artistiques (J. Edgar, Jersey Boys...) et des
prises de position politique de la presse de gauche que ne lui pardonne pas, le
néanmoins controversé American Sniper et aujourd'hui Sully confirment qu'il
reste un poids lourd du box-office et surtout le dernier grand cinéaste
classique américain. Cette biographie de Chesley Sullenberger, devenu célèbre
en réussissant un amerrissage périlleux sur l'Hudson, sauvant la vie des 155
passagers du vol 1549 US Airways en janvier 2009, tient pourtant de la gageure
car parvenir à maintenir en haleine pendant 96 minutes avec une histoire aussi mince, basée sur un événement qui n'a duré qu'une poignée de minutes et sur
l'enquête menée par la suite pour juger si le pilote avait pris la bonne
décision, était pour le moins difficile. En réalité, loin du Flight de Robert
Zemeckis auquel certains ont voulu le comparer avant même de l'avoir vu, Sully
est davantage une oeuvre intimiste qu'un film spectaculaire même si les
séquences de l'amerrissage sont à couper le souffle. Certes hagiographique, l'intérêt de ce récit est ailleurs pour le réalisateur. Evitant les clichés
inhérents à ce genre de sujet, Clint fouille les tourments de son personnage
principal, il questionne la notion d'héroïsme, faisant en cela écho au portrait
patriotique de Chris Kyle. Passent de l'ombre à la lumière, ce sont deux
figures de l'Amérique contemporaine dont ce film brosse un portrait, hanté par
le traumatisme du 11 septembre. Mais là
où le sniper était un héros contestable, Sully se veut totalement positif, anti
héros fuyant cette soudaine célébrité. En dépit de son apparente simplicité, il
y a beaucoup de choses à dire sur Sully, de la mise en scène d'Eastwood,
superbe de classicisme à l'interprétation tout en intériorité de Tom Hanks qui,
comme Angelina Jolie l'avait fait en son temps dans L'échange, réussit à faire
oublier qui il est, pour se couler dans l'enveloppe du véritable Sullenberger,
sans oublier celle de Aaaron Eckhart tout en tension rentrée. La photo aussi
froide que belle de Tom Stern et la partition de Christian Jacob sont également
à louer. Ce nouveau biopic confirme en outre le goût du maître pour les cavenas morcelés, sans pour autant perdre en fluidité. Enfin, le long-métrage dit beaucoup sur Clint lui-même dont le visage
apparaît par le biais de l'affiche de Gran Torino que l'on distingue furtivement, en ce sens qu'il est un cinéaste à l'ancienne qui, à l'instar de son héros, se fie
davantage à son instinct qu'à toutes les analyses informatiques...
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