Entre
les attentats du 13 novembre 2015 qui ont, notamment, ensanglanté la salle du
Bataclan dans laquelle il se produisait et la personnalité de son leader, Jesse
Hughes, que certains découvrent de plus en plus controversée alors qu'il a en
réalité toujours été cet espèce de redneck, à la fois chrétien convaincu et
grand amateur de porno (entre autres), il paraît du coup désormais difficile
d'aborder Eagles Of Death Metal avec quiétude et sous le seul angle strictement
musical. Son rock, qui n'appartient qu'à lui, se révèle pourtant plus fort que
tout cela. Car, si de loin la musique des Américains peut sembler simple voire
simpliste, d'aucuns n'hésitant pas ainsi à la juger carrément surfaite, et
qu'il est acquis que sans la présence de Josh Homme (Queens Of The Stone Age et
surtout ex Kyuss) dans ses rangs à géométrie variable, nous ne nous serions
sans doute pas autant intéressés à lui, force est de reconnaître que le groupe
possède une touche aussi inimitable que savoureuse qui lui permet au final
d'être bien plus que le banal garage band aux discrets relents stoner que ses
détracteurs se bornent à voir. "Zipper Down", sa première rondelle
depuis sept ans en est la plus éclatante démonstration. Une si longue
abstinence, à laquelle le combo ne nous avait jusqu'à présent pas habitués,
explique l'excitation suscitée alors par ce retour aux affaires, lequel se
dévoile tout d'abord par l''entremise d'une pochette sexy en diable qui donne
furieusement envie d'en goûter le fruit juteux. En guère plus de trente
minutes, (trop) courte durée qui suffit pourtant à nous rassasier, le
successeur de "Heart On" se déhanche au rythme d'un rock cool et
énergique, dont les courbes généreuses qui exsudent une chaude sensualité sont
comme les promesses d'un orgasme sonore. Avec cette décontraction goguenarde
qui en fait tout le sel, Jesse Hughes et sa bande crachent d'emblée la sauce
avec ce 'Complexity' débridé auquel moins de trois minutes suffisent à étaler
tout ce qui les séparera toujours des gentils rockeurs, à savoir cette sorte de
classe décomplexée un peu folle et surtout ce sens de l'accroche qui fait
mouche, le tout saupoudré de petits détails (chœurs féminins sur 'Silverlake',
'I Love You All The Time' et ses couleurs country, etc.) qui font de ces compos
de savants bijoux d'écriture. Même 'Save A Prayer', reprise de Duran Duran, se
trouve métamorphosé en hymne déglingué que berce un doux ressac electro. Si
tout du long, la patte de Josh Homme se révèle aisément identifiable ('Skin Tight
Boogie'), Hughes se taille la part du lion, emballant l'auditoire avec sa voix
gorgée d'un feeling licencieux, taillée pour les clubs poussiéreux de
l'Amérique profonde. Il faut être de mauvaise foi pour ne pas lui reconnaître
un charisme certain et un talent de compositeur hors pair. Fun et sexy mais
avec juste ce qu'il faut de finauderies, "Zipper Down" fait son trou
et très vite on se surprend à en fredonner les nombreuses mélodies, marque des
grands disques et des grands groupes, ce qu'Eagles Of Death Metal est
assurément. 3/5 (2016)
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