Période
mal connue dans la carrière de Marduk dont on a coutume de dater la
reconnaissance tant artistique que commerciale à 1996 et son quatrième méfait,
« Heaven Shall Burn... When We Are Gathered », les années qui courent de sa
naissance en 1990 à 1994 ne sont pourtant pas à négliger, voyant l'identité des
Suédois se préciser peu à peu, au fil d'une poignée d'offrandes un peu oubliée,
à l'exception bien entendu de la démo «
Fuck Me Jesus » célèbre pour son visuel sulfureux. "Dark Endless",
"Those Of The Unlight" puis "Opus Nocturne" forment ainsi
un corpus d'albums publiés à un rythme régulier (un par an), mixés par Dan
Swanö, alors quasi gourou de toute la scène extrême suédoise (Katatonia, Opeth,
Dissection...) et témoins d'incessants changements de line-up, aucun des trois
n'ayant été enregistré par la même formation. Autour du guitariste et fondateur
Morgan, se succèdent ainsi nombre de musiciens et notamment des chanteurs,
poste instable jusqu'à l'arrivée de Legion en 1995. Seul opus (avec la démo
citée plus haut) chanté par Andreas Axelsson, "Dark Endless" marque
donc les véritables débuts de Marduk. Il témoigne surtout de la porosité qui
règne alors entre death et black chez les hordes noires originelles, ce menu
très court d'une petite trentaine de minutes à peine étant en définitive plus
proche du premier que du second. La vélocité de ses agressions, la prise de
son extrêmement brut, les break pesants ('Still Fuckin Dead') ainsi que le
chant d'Axelsson dont on rappelle qu'il fut un activiste de la scène death
suédoise avec Edge Of Sanity ou Infestdead, participent de cet ancrage des plus
évidents au metal de la mort. La noirceur des ambiances et certains aplats
sinistres (comme lors du final de 'Holy Inquisition') ne sont guère que les
seuls indices de l'appartenance de Marduk à une chapelle qui n'en est encore
qu'à ses balbutiements. Même s'il abat le petit bois, 'Dark Endless', album
sans grand personnalité, prouve que les Suédois ont eu raison de s'affranchir à
partir de "Heaven Shall Burn..." de leurs racines dont il restera
pourtant toujours quelque chose. Quatre ans plus tard, ils auront ainsi trouvé
leur voie, posant les bases, très vite copiées sans jamais être égalées, d'un
art noir d'une brutale intensité. 3/5 (2014)
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