Vous
l'aimez comment, votre stoner ? Bien gras, façon bûche ? Qui sent sous les bras
et l'haleine de coyote en rut ? Alors, ce "Hiptser Fister" (tout un
programme !) est naturellement taillé pour vos cages à miel ! Cette rondelle
marque les débuts discographiques de Goatfather, jeune pousse lyonnaise qui
s'était fait la main avec une démo trois titres en 2015. Se montrant autrefois
timide dans l'hexagone, le genre ne cesse d'essaimer depuis quelques années
pour le plus grand bonheur des bûcherons de tout poil. De fait, on ne compte
plus désormais les saillies velues aux épais relents de Black Sabbath et de bon
vieux rock US des familles. Ce quatuor vient aujourd'hui poser une pierre
supplémentaire à cet édifice qui n'a pas (plus) à rougir de la comparaison avec
les massives architectures des voisins européens. Le terrain est connu, que
creusent des riffs rugueux et nimbés de vapeurs enfumées comme échappées d'un
rade poisseux. Mais, à l'image de son nom délicieusement patibulaire,
Goatfather sonne bien plus méchant que la majorité de ses compagnons de jeu,
montrant les crocs sans jamais se reposer. S'il nous assomme, ce n'est pas à
coups de pipe à eau mais de tempos pachydermiques qui, à la manière d'un
rouleau compresseur, écrasent tout sur leur passage. Le chant hargneux de Yann
Sambuis, biberonné au bourbon de contrebande, et des paroles à effrayer des
bonnes sœurs alimentent cette rudesse crasseuse qui donne tout son sel à ce
menu aussi trapu qu'épidermique. Véritable enclume chauffée au soleil,
"Hipster Fister" n'est pas seulement une offrande imparable, dont on
voit mal ce qui, en elle, pourrait susciter la moindre réserve, mais surtout un
album qui possède une âme.Les préliminaires de rigueur rapidement emballés, 'As
The Crow Cries' donne le ton, pose un cadre ancré quelque part entre le désert
américain et les bayous. Truffé de guitares qui dressent une lourde turgescence
('Rebel Ways') et des percussions qui moissonnent tout dans leur sillage ('The
Betrayer'), le menu ne débande à aucun moment, crachant une poudre grumeleuse,
serrant le frein à main ('A Road Paved With Corpse') jusqu'au terminal et énorme
(à tous les sens du terme) 'The Devil Made Me Smoke Is Bong', rampante et
vicieuse rumination qui clôt l'écoute avec la force d'un cataclysme souterrain.
Bref, entre plaines arides et marais boueux, "Hipster Fister" est une
ode au sacro-saint riff. 3/5 (2016)
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