Nocternity
fait partie de ces hordes devenues cultes alors même que leur oeuvre se révèle
au final des plus limités, sur le plan quantitatif s'entend, ceci expliquant
peut-être d'ailleurs cela. Deux offrandes seulement en presque vingt ans de
carrière dont la seconde, Onyx a été qui plus est gravée il y a douze ans (!),
le bilan est maigre mais c'est donc de cette rareté que les Grecs tirent une
bonne part de leur mystère. Corollaire de cette activité en pointillés, ce
troisième méfait était attendu comme une espèce de messie, quand bien même Khal
Drogo, notamment rejoint depuis peu par le batteur de Dead Congregation, ne
s'est pas muré dans le silence, multipliant entre 2004 et 2012, splits et EP
divers, parmi lesquels un premier court déjà nommé Harps Of The Ancient Temples
et un second, éponyme dont l'ensemble des titres (moins la reprise de Vangelis)
se retrouve ici bien que dans des versions remaniées. Après une période aussi
longue sans véritable album, certains ne manqueront pas de regretter ce
recyclage. De plus, ceux qui ont découvert le groupe avec la doublette En Oria
/ Onyx et se sont arrêtés là, ne le reconnaîtront peut-être pas car le style a
bien changé sinon évolué depuis ces vertes années, à l'image d'une prise de son
moins sinistre et désormais plus lisse encore qu'elle conserve son lustre obscur,
prouvant ainsi que Nocternity n'a rien perdu de son aura cryptique (River Of
Woe). Surtout, le tempo s'est ralenti, il ne s'emballe plus qu'en de rares
instants, comme l'illustre Titans par exemple. Nombreux sont ceux qui là encore
pesteront contre ce choix. Pas nous, bien contraire car les Grecs ont perdu en
rapidité épique ce qu'ils ont gagné en ambiances mortifères. Pour être
différent, leur art n'en demeure toujours pas moins précieux et finalement plus
lugubre que jamais en cela que ces complaintes d'une lancinance pétrifiée
puisent leur essence, leur âme dans un humus quasi burzumien, incontestable
influence drapant d'un suaire funéraire un titre tel que Blood Rite Tree.
Grésillantes bien que toujours mélodiques (Opaline Eye Of Death), les guitares
sont le vecteur d'une désolation absolue dans laquelle est englué tout l'album
dont la trame linéaire pourra surprendre sinon décevoir alors qu'elle lui
confère en réalité une intensité souterraine, presque ténébreuse. Ce faisant, Nocternity
renoue avec le feeling des Grands Anciens, il ravive la flamme et l'esprit de
jadis. Tous ne partageront sans doute pas ce jugement mais il est permis de
considérer Harps Of The Ancient Temples comme la pierre angulaire de ses
géniteurs, ni plus ni moins, oeuvre glorifiant un black metal séculaire et
éternel, tout en atmosphères lentes et mélancoliques. 4/5 (2015)
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