11 avril 2016

Witchcraft | Nucleus (2016)


Malgré les incontestables qualités de ses trois aînés, il est évident que c'est « Legend » qui a permis à Witchcraft de franchir un palier supérieur autant en terme d'écriture que d'exposition, aidé en cela par l'alliance scellée avec le puissant Nuclear Blast. Quasi précurseurs en 2004, avec leur galop d'essai éponyme, de cette vague rétro devenue en l'espace de quelques années aussi incontournable qu'à la mode, les Suédois ont en effet atteint leur maturité huit ans plus tard, propulsant alors leur Hard Rock antédiluvien vers une autre dimension, plus Doom et évolutive à la fois. De fait, ce cinquième album était extrêmement attendu, sorte de Graal rêvé pour tous les amateurs de sonorités venues d'un autre temps et ce, d'autant plus que le groupe se sera fait désirer, laissant écouler (encore une fois) plus de trois années entre deux de ses offrandes, long tunnel qui aura permis à son chanteur et fondateur Magnus Pelander de faire le grand ménage de printemps, se séparant de tous ses compagnons de route. Passant de quatre à cinq membres en 2012, Witchcraft resserre aujourd'hui ses rangs pour devenir un trio et plus que jamais le jouet du seul vocaliste. Si, pour « Legend », celui-ci avait décidé d'abandonner la guitare pour se concentrer sur son chant, avec la réussite que l'on sait, le fait qu'il ait décidé d'assurer désormais toutes les parties de six-cordes est-il pour autant le signe d'un retour en arrière dont « Nucleus » serait le témoin ? Comme souvent, la réalité se révèle plus complexe car cet album échappe aux comparaisons automatiques. Ainsi, s'il arbore des traits moins lourds que son prédécesseur et renoue avec cette spontanéité sinon une forme de simplicité qui animaient les Suédois à leurs débuts, comme semble le confirmer les titres les plus courts du lot, à commencer par ce 'Theory Of Consequence', aux modelés cependant assez rugueux, cet opus affirme avant tout les velléités progressives de ses auteurs qui font désormais plus qu'affleurer à la surface de compositions dont certaines flirtent avec les quinze minutes au compteur à l'image de la pièce éponyme, lent morceau de bravoure aux multiples pans qui s'achève en apothéose par un long solo déchirant de beauté sur fond de choeurs brumeux. Synthèse de tous ses devanciers, l'album alterne titres accrocheurs et pulsations aux allures de tableaux de maître en un juste équilibre entre énergie pesante et atmosphères duveteuses. Au rang des premiers, citons le terminal 'Chasing Rainbows', 'The Obsessed' ou 'To Transcend Bitterness' tandis que les seconds, vers lesquelles tend d'ailleurs notre préférence, sont incarnés tour à tour par 'Maelstrom », curieuse entrée en matière qui ne démarre réellement qu'au trois-quart de l'écoute, après de lents préliminaires, 'An Exorcism Of Doubts', montée en puissance galvanisante,'Helpless', respiration instrumentale et bucolique qui précède la pièce la plus étirée du lot, ce 'Breakdown' qui n'évite toutefois pas quelques longueurs. A l'écoute de « Nucleus », on mesure à quel niveau de maîtrise les Suédois sont parvenus, soignant une écriture de plus en plus ciselée sans pour autant sacrifier une mélancolie doucereuse qui ourle toujours des compositions puissamment émotionnelles dont le vecteur reste plus que jamais Magnus Pelander, véritable clé de voûte d édifice autant grâce à ses lignes de chant, sources de frissons qu'à ses parties de guitares. L'album ne souffre absolument pas de l'absence d'un second guitariste car l'homme abat un très beau travail. « Nucleus » confirme l'évolution entamée avec « Legend » dont il est à la fois différent et complémentaire. (2016)


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