3 janvier 2016

Nucleus Torn | Travellers + Andromeda Awaiting (2010)


Entre un nouveau gemme (Andromeda Awaiting) et cette collection de titres rares ou demeurés inédits, c’est Noël avant l’heure pour les fans de Nucleus Torn. Travellers se veut même le Graal attendu sans trop vraiment y croire puisqu’il agglomère, excusez du peu, l’intégralité des enregistrements qui précédèrent Nihil soit toute la genèse de ce néo-folk osseux si personnel. Le menu débute avec les quatre pistes instrumentales du EP Krähenkönigin, gravé en 1998 et publié à quelques exemplaires six ans après. Seul à la guitare sèche, Fredy Schynder y libère des arpèges boisés dont le dépouillement confine à une forme de mysticisme pastoral. Suivent les quatre morceaux composant Silver, première trace discographique officielle remontant à 2001. Partiellement ré-enregistrées, ce sont des créations déjà intéressantes bien qu’elles tiennent davantage de l’esquisse que du travail achevé. Ils leur maquent notamment ce chant féminin lumineux que l‘on aime tant.  Parmi ceux là, le titre le plus beau reste le long « Nucleurs Torn ». Démo capturée en 2002, Submission offre ensuite ses deux extraits. On y découvre un groupe plus influencé par le rock progressif (« Non-Light Submission »). Enfin cerise sur le gâteau, Travellers s’achève sur deux pépites inédites et plutôt étonnantes, issues des sessions d’enregistrement de Nihil. « Leadness », tout d’abord, est zébré par les interventions d’un saxophone, ce qui lui confère une couleur presque jazzy. « Lurking », quant à lui, ouvre les vannes d’une musique intimiste rehaussée dans sa dernière partie par des notes d’orgue mélancoliques. Ce recueil permet de suivre une identité en train de se façonner, un style en mouvement. En cela, il est un témoignage précieux, il donne les clés pour mieux comprendre le parcours emprunté par Nucleus Torn avant d’aboutir à Nihil, opus grâce auquel une majorité l’a découvert, jusqu'à Andromeda Awaiting.


Petit à petit, à son rythme et sans faire de bruit, Nucleus Torn bâtit une œuvre passionnante qui n’appartient qu’à lui. Tout d’abord arrimé à la clairière du néofolk boisé grâce à un premier essai d’une beauté contemplative, le collectif mené par Peter Schynder a ensuite déviée vers une musique plus atmosphérique encore avec Knell. Andromeda Awaiting, au titre très poétique et dernier volet d’une trilogie, choisit cette fois-ci une forme d’expression plus progressive sans que celle-ci se démarque totalement du style élaboré par ses deux aînés. L’art de Nucleus Torn évolue mais par petites touches impressionnistes. Encadrée par deux sentinelles de plus d’un quart d’heure chacune, cette troisième offrande déroule une trame épurée entre rock progressif antédiluvien et musique folk et que nappent ces touches forestières typiques des Suisses. Subdivisé en six segments, Andromeda Awaiting s’ouvre donc sur une piste immense, voyage mystique  qu’une vie entière ne suffirait à décrire. Après une entame feutrée, le chant féminin vient se poser, soulignant la beauté tragique dessinée par les divers instruments. Puis le titre progresse nouant des liens avec le Lizard de King Crimson et la longue pièce épique qui l’achève. Les lignes vocales masculines y font notamment penser. A cette piste magnifique semble répondre celle qui entraîne l’album vers la mort, lente déambulation aux accents symphoniques dépouillés et que guide un piano et une flûte squelettiques. Entre ses deux monuments se succèdent quatre morceaux plus courts, au caractère fortement instrumental quand bien même la chanteuse glisse au milieu de ces motifs teintés d’ambiances médiévales sa voix empreinte d’une tristesse diaphane. De part son architecture, Andromeda Awaiting convient d’être absolument abordé dans sa globalité. Il est un tout dont une écoute émiettée ne saurait rendre toute la beauté mystérieuse en même temps qu'une forme d'aboutissement dans la carrière de Nucleus Torn. (2010)

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