Chapter V :F10 | Syndrome (2015)

Chapter V : F10, ce nom étrange n'évoquera certainement rien à la majorité d'entre vous et pour cause cette entité s'offre pour la première fois à nous. Celle-ci n'est pourtant pas née de la dernière pluie (acide) car projet - parmi tant d'autres - de Astaroth Merc qui lui n'est pas un inconnu, artiste modeste mais chevronné de la scène noire ukrainienne dont la (petite) renommée doit tout à Raventale, son principal port d'attache. Associé à son ancien comparse de Den Of Winter, le chanteur Howler, le bonhomme forge avec Chapter V : F10 un Black Metal porté sur les ambiances tavelées d'une couche de tristesse, ancré dans le terreau d'une négativité souvent lancinante. Si Syndrome, son premier signe de, mort, plutôt que de vie, affiche une (trop) courte durée, ne franchissant que de peu la demi heure de musique, les plaintes qui l'irriguent déroulent quant à elles une trame étirée sinon épique. De part son origine géographique, il serait alors tentant de le rapprocher des travaux passés ou contemporains de son compatriote Roman Saenko   mais le groupe, et quoique certains passages mid-tempo charriés par des guitares grésillantes d'une sinistre beauté ('Nectar') ou imprimés implacables ('Hollow') ne sont pas sans rappeler Drudkh voire Hate Forest, parenté dont le chant âpre n'est pas non plus étranger, ne noue au final que peu de liens avec ses légendaires aînés. Syndrome n'est pas moins réussi. A de nombreuses reprises, il parvient à envoûter, à transporter l'auditeur avec lui à travers des étendues désolées drapées d'un manteau glacial. Minées par un désespoir profond, les guitares sont les funestes pinceaux servant à peindre ces tableaux aux couleurs grises et austères, à l'image de 'Progression' dont la partie médiane tricote des émotions engourdies par une lenteur enivrante. En dépit une batterie qui parfois sonne d'une manière trop synthétique, l'oeuvre tutoie des sommets, elle renferme des trésors nichés dans les replis de chacune de ses longues respirations. Elle est de ces petits albums dont la faible exposition n'a d'égale que l'inattendue réussite. Chapter V:F10 s'avère être une belle découverte dont on espère juste qu'il ne sera pas condamné à n'être le projet d'un seul album aussi prometteur soit-il... Il confirme enfin la vigueur de cette chapelle d'Europe de l'Est à l'identité bien particulière, à la fois abrasive et atmosphérique, sévère et mélancolique. (2015)