22 octobre 2015

Lucifer's Child | The Wiccan (2015)


Présenter Lucifer's Child comme le fruit de la réunion de membres de Rotting Christ et Nightfall est certes exact mais démesuré puisque ni George Emmanuel, guitariste chez le premier, ni Stathis Ridis, bassiste chez le second, ne peuvent être considérés comme des pièces maîtresses de leur groupe respectif. L'étiquette a cependant au moins le mérite de nous livrer deux précieux indices, l'un nous assurant d'une qualité technique forcément de mise, l'autre que la musique sera sombre. Forcément là aussi. A l'instar de ses grands frères, le quatuor baigne dans l'occultisme ténébreux. La comparaison ne s'arrête pas là tant la filiation est évidente, notamment par le travail de Sakis qui partage cette même noirceur baroque et ce sens de l'accroche ravageuse identique. Nous aurions pourtant tort de réduire Lucifer's Child à ce seul patronage. Il mérite mieux et "The Wiccan", son coup d'essai s'avère également un coup de maître insolent de maîtrise. En moins de quarante minutes, les Grecs esquissent déjà un style à la fois obscur, mélodique et suffisamment travaillé pour écoper d'une appellation "progressive black metal" toutefois bien incongrue. Point de progressif à attendre de ce méfait mais au contraire une hostie subtilement agressive, parfois rapide, à l'image de 'He Who Punishes', reptilienne le plus souvent, rappelant alors un peu les derniers Satyricon, témoin ce 'A True Mayhem' bien burné. D'une manière générale, les Grecs privilégient les ambiances pesantes à la froide brutalité, comme le prouve 'Hors de combat' ou bien encore 'King Ov Hell'. (Trop) court, "The Wiccan" atteint le point G en fin de parcours avec deux joyaux noirs. Il s'agit tout d'abord de 'Lucifer's Child', lente respiration qui suinte une absolue tristesse et dont les lignes envoûtantes sont comme une funeste sirène entraînant le pèlerin sur le chemin de la mort. C'est ensuite le très justement baptisé 'Doom', excavation finale longue de plus de six minutes au garrot, d'une lenteur quasi mortifère. Le chanteur y hurle son désespoir comme si demain ne devait plus jamais exister, sentiment douloureux que soulignent des guitares engourdies par la contrition, prisonnières d'une gangue polluée tandis que les frappes du batteur s'écrasent comme une chape de plomb. Ces deux monuments justifient à eux seuls l'acquisition de cet album qui propulse d'entrée de jeu ses géniteurs dans la cour des grands. (2015)


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