30 novembre 2011

Aathma | The Call Of Shiva (2009)


On connait trop peu la scène Metal espagnole, celle-ci abrite pourtant une scène Doom et Stoner de qualité qui aime se repaître dans une terre épaisse chargée de riffs rugueux et de remparts rythmiques velus. Né grosso modo des cendres de Glow , déjà auteur de deux bons albums entre 2005 et 2006, Aathma fait partie de ces formations dont la modestie de la renommée n'a d'égale que sa puissance tellurique d'une musique dont la maîtrise peut s'expliquer par sa respectable ascendance.
Un an après une démo séminale (Woods) que nous n'avons pas eu la chance de pouvoir écouter, les Madrilènes signent The Call Of Shiva, enclume coulée dans un sol chauffé au Soleil. En six titres écrasants et pachydermiques, le trio sculpte au burin un Doom brûlant que le chant de Juan Dominguez, biberonné au Nick Holmes (Paradise Lost) entraîne sur un terrain quasi-Gothic un peu inhabituel, le drapant d'une épaisse croûte de désespoir. Adepte des longues perforations d'une dizaine de minutes en moyenne, Aathma, s'il commence sa course en avant avec le dynamique "A Tousand Nails" dont toutes les tubulures graisseuses sont directement reliées au centre de la terre, auquel succède le trapu "Oaks" drainant des riffs obsédants, de ceux qui creusent de profondes crevasses dans la mémoire, entame à partir de la fausse ballade "Snowbeam", où le guitariste fait des merveilles avec sa voix chaude et ténébreuse, une décélération infernale qui l'éloigne franchement des rivages Stoner auxquels il est maladroitement arrimé pour le raccrocher plus justement aux contreforts granitiques du Doom mortifère. Véritable épicentre de l'opus, "The End Of The Snake" a ainsi quelque chose d'une effroyable et inéluctable marche vers la mort. Avec un minimalisme absolu, les Espagnols tricotent des instants pétrifiés suspendus au-dessus du vide. Ils creusent une tombe que même les accélérations jaillissant durant la seconde partie n'empêchent pas d'aboutir à un final étouffant et vicié qui s'enfonce sans aucun espoir de retour dans les Fosses Marianne de l'inexorable. En comparaison, "Voice" paraît presque léger... Du moins, est-ce ce que ses premières mesures laissent croire, car au bout de quatre minutes, la respiration espérée se mue en une lourde coulée de lave en fusion, montée en puissance fiévreuse cédant ensuite la place à la tristesse feutrée sur laquelle le titre s'ouvrait, lui donnant ainsi des allures d'un ouroboros émotionnel. Il va sans dire qu'avec une œuvre de cette trempe, doublée d'une performance explosive lors du Doom Over Paris IV, nous attendons avec impatience le retour du groupe sur nos platines ! (2010)



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