6 avril 2014

From the grave | Svarti Loghin - Empty World (2008)



Engoncé dans un très beau digipack dont le visuel est enflammé par la représentation d’une forêt automnale, cette première œuvre de Svarti Loghin, jeune trio suédois fondé par un musicien du même nom et auteur jusque là d’une unique démo, affiche d’emblée ses atours, ceux d’un black metal lent – sans pour autant sombrer dans la spéléologie des abîmes si chères à toute la frange suicidaire du genre -  et atmosphérique qui prend vie sous la forme de longues compositions, à la fois répétitives et riches de sonorités aux confins du rock psychédélique des années 70 (le groupe cite étonnement Jefferson Airplane ou les Doors parmi ses sources d’inspiration), vibrant hommage à la nature en opposition à une modernité vide de sens qui aliène l’Homme (« Empty World »). Celui-ci se doit de vivre en osmose avec la nature s’il veut atteindre une forme d’harmonie. Tel est le message qui court tout du long de ce disque magnifique. Imprégné d’une mélancolie sourde, d’une fébrilité poignante, cet essai fin et soigné, caractères précieux qui n’enlèvent rien à sa puissance, trouve naturellement sa place dans le catalogue du label en devenir ATMF et de sa sous-division A Sad Sadness Song (SSS), destinée à promouvoir une forme d’expression noire raffinée et esthétique et dont Empty World est le premier enfant. Signifiant « Flamme noire » en vieux suédois, patronyme emprunté à un morceau de son compatriote Arckanum, Svarti Loghin nous offre une sorte de déambulation contemplative d’une grande beauté tant formelle qu’émotionnelle, dont le vecteur sont ses guitares obsédantes qui créent un envoûtement auquel il est bien difficile d’échapper. « Karg Nordisk Vinter », « The Silence Always Return » et « Cold Void » sont ainsi de petites perles mélodiques, majestueuses, malgré le chant déchiré du capitaine du navire et qu’irriguent des riffs lancinants, pinceaux desquels coulent des paysages sonores  qui invitent à une forme d’introspection. Empty World est une œuvre à écouter seul avec soi-même, dans l’obscurité d’une nuit hivernale, les yeux rivés au plafond grignoté par les ténèbres sur lequel défile une vie morne et grise. Les Suédois signent donc un album de très haute tenue, déjà impressionnant de maîtrise en dépit de la (encore) jeune expérience de ses créateurs. Un groupe à suivre qui démontre en outre plus que jamais que c’est bien désormais dans l’underground qu’il n’aurait sans doute pas dû quitter que le black metal survit aujourd’hui et non pas à la lumière des projecteurs hébergés chez de gros labels ; c’est bien grâce à ces hordes de l’ombre que le genre délivre ses plus belles, ses plus pures offrandes et non pas grâce aux  prétentieux Cradle Of Filth et autre Dimmu Borgir qui n’ont d’ailleurs en réalité jamais honorer l’Art Noir. (cT08)


Atmopsheric Black Metal | 43:35 | ATMF | FB




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