10 février 2012

Ava Inferi | Onyx (2011)


Alors que ses anciens compagnons de route n'ont à ce jour toujours pas donné signe de vie (ou plutôt de mort) discographique depuis la mortification Ordo Ad Chao qu'il avait par ailleurs en partie composé, Blasphemer signe avec Ava Inferi, désormais principal port d'attache, son quatrième opus en l'espace de cinq ans, preuve supplémentaire que Mayhem lui devait beaucoup en terme d'écriture, si ce n'est quasiment tout ! Titre merveilleusement choisi, Onyx confirme que le groupe que forme le guitariste avec sa muse Carmen Simoes, a bien atteint avec Blood Of Bacchus sa maturité artistique. Il s'enfonce dans un même substrat marécageux entre Doom-atmosphérique et Gothique-fantomatique, entre chaleur lusitanienne et froideur polaire. Intelligemment, Rune Eriksen, dont on reconnait cependant l'empreinte tellurique ("Majestic"), se fond dans cet ensemble brumeux que guide la silhouette spectrale de la chanteuse dont la voix suinte une tristesse souterraine, fil conducteur d'un album bercé par un ressac d'ambiances marines. A l'écoute de ces huit perles d'une grande richesse, on mesure combien le talent du Norvégien est grand, tant chaque composition est travaillée, pensée comme une pièce s'emboitant dans un tout homogène et finalement indivisible. L'entrée de cet édifice se fait avec le morceau éponyme, lourd et vaporeux. Le décor écartelé entre ombre et pale lumière, est installé. Mais c'est à partir de "The Living End" qu'Onyx prend toute son ampleur, pulsation envoûtante où le chant féminin dialogue avec un organe masculin d'une profondeur qui n'est pas sans évoquer celle d'un Peter Bjärgö (Arcana). C'est ténébreux et nous sommes emportés très loin au fond d'un paysage de lagunes crépusculaire. Ensuite, l'œuvre progresse jusqu'au monumental "The Heathen Island", lente dérive tricotée par une rythmique à la fois écrasante et hypnotique, que renforce le travail de Dan Swanö responsable du mixage et du mastering, devenu depuis l'album précédent presque un cinquième membre. Enfin, Onyx meurt sur deux respirations plus posées bien qu'elles partagent avec le reste du menu une couleur mélancolique identique, témoin ce "Venice (In Fog)" dont les premières mesures se parent d'une beauté plaintive désespérée. Onyx est, à l'instar de ses aînés, un disque porteur d'une identité extrêmement personnelle. Il a quelque chose d'insaisissable en lui, caractère qu'explique peut-être le fait que le cœur d'Ava Inferi se situe quelque part entre le Portugal et la Norvège. (2011)


                                      

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