21 janvier 2012

KröniK | Witchsorrow - S/T (2010)


Alors que le compact disc, comme on l'appelait autrefois, vit sans doute ses dernières heures, son aîné, que l'on disait pourtant dans la tombe il y a encore quelques années, le vinyle donc, lui se porte plutôt bien. Merci. Tout ça pour dire que ce format de nouveau à la mode, et malheureusement récupéré par les bobos parisiens, reste bien le seul à pouvoir accueillir les temples en l'honneur de la déesse Doom. Démonstration avec la première enclume de Witchsorrow dont l'édition double gatefold renvoit sa petite sœur la rondelle dans les bacs à sable de la maternelle. L'objet est à l'image du contenu : massif, colossal. Car Witchsorrow, c'est du lourd, du lancinant, du signé chez Rise Above, l'église préférée des 'doomeux', du qui ne descend pour ainsi dire jamais en-dessous de la barre des dix minutes au compteur. Bref, le power-trio, qui a la bonne idée d'héberger en son sein une jeune femme solidement accrochée à sa basse tellurique, respecte les tables de la loi du genre. Son épais, minéral, voix masculine biberonnée au Ozzy et batteur au ralenti, sont quelques-uns des invariants que les Britanniques alignent comme des pinces à linge sur un fil. Un Black Sabbath qui aurait absorbé du Valium par boîte de 12, car il parait vouloir (re)pousser à son paroxysme l'art du monolithisme absolu ("The Agony"), descendre là où l'homme n'a jamais oser s'abîmer. Dernier échelon avant les abysses, Witchsorrow est un album qui se mérite, tant parler de lenteur à son égard tient de l'euphémisme. Seules pales sources de lumière sont les rares accélérations, toutefois engluées dans la glaise, qui découpent certaines compositions telles que l'épique "The Trial Of Elizabeth Clarke" ou "Thou Art Cursed". Convenues peut-être, celles-ci font cependant leur petit effet. Encore une fois, le groupe n'invente rien et d'autres que lui réussissent mieux cet exercice vicié et étouffant (Rituals Of The Oak ou The Wounded Kings, pour n'en citer que deux) mais le Doom est davantage une religion qu'une simple musique, reposant sur une dévotion sincère qui permet à ses prêtres, mêmes parmi les plus modestes, d'emporter l'adhésion des pèlerins. C'est le cas de Witchsorrow, groupe naturel et sympathique, lequel, s'il n'est pas le martyr tant espéré, se fait visiblement plaisir à rester fidèle aux codes du genre, à l'image de la photo 'cathedralienne' le montrant à côté d'une statue dressée au milieu de la nature, assène avec conviction un art de la douleur pachydermique que mine une inexorabilité profonde. 3/5 (2011)


                                   

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