Alors
que le compact disc, comme on l'appelait autrefois, vit sans doute ses
dernières heures, son aîné, que l'on disait pourtant dans la tombe il y a
encore quelques années, le vinyle donc, lui se porte plutôt bien. Merci. Tout
ça pour dire que ce format de nouveau à la mode, et malheureusement récupéré
par les bobos parisiens, reste bien le seul à pouvoir accueillir les temples en
l'honneur de la déesse Doom. Démonstration avec la première enclume de
Witchsorrow dont l'édition double gatefold renvoit sa petite sœur la rondelle
dans les bacs à sable de la maternelle. L'objet est à l'image du contenu :
massif, colossal. Car Witchsorrow, c'est du lourd, du lancinant, du signé chez
Rise Above, l'église préférée des 'doomeux', du qui ne descend pour ainsi dire
jamais en-dessous de la barre des dix minutes au compteur. Bref, le power-trio,
qui a la bonne idée d'héberger en son sein une jeune femme solidement accrochée
à sa basse tellurique, respecte les tables de la loi du genre. Son épais,
minéral, voix masculine biberonnée au Ozzy et batteur au ralenti, sont
quelques-uns des invariants que les Britanniques alignent comme des pinces à
linge sur un fil. Un Black Sabbath qui aurait absorbé du Valium par boîte de
12, car il parait vouloir (re)pousser à son paroxysme l'art du monolithisme
absolu ("The Agony"), descendre là où l'homme n'a jamais oser
s'abîmer. Dernier échelon avant les abysses, Witchsorrow est un album qui se
mérite, tant parler de lenteur à son égard tient de l'euphémisme. Seules pales
sources de lumière sont les rares accélérations, toutefois engluées dans la
glaise, qui découpent certaines compositions telles que l'épique "The
Trial Of Elizabeth Clarke" ou "Thou Art Cursed". Convenues
peut-être, celles-ci font cependant leur petit effet. Encore une fois, le
groupe n'invente rien et d'autres que lui réussissent mieux cet exercice vicié
et étouffant (Rituals Of The Oak ou The Wounded Kings, pour n'en citer que
deux) mais le Doom est davantage une religion qu'une simple musique, reposant
sur une dévotion sincère qui permet à ses prêtres, mêmes parmi les plus
modestes, d'emporter l'adhésion des pèlerins. C'est le cas de Witchsorrow,
groupe naturel et sympathique, lequel, s'il n'est pas le martyr tant espéré, se
fait visiblement plaisir à rester fidèle aux codes du genre, à l'image de la
photo 'cathedralienne' le montrant à côté d'une statue dressée au milieu de la
nature, assène avec conviction un art de la douleur pachydermique que mine une
inexorabilité profonde. 3/5 (2011)
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