Entité
imprévisible en perpétuel mouvement, Caldera poursuit sa mue. Après trois ans
d'un silence discographique, uniquement interrompu par une participation
remarquée à la compilation Falling Down, et des turbulences de line-up dont on
n'était pas certain que les Lorrains, toujours guidés par les deux frères
Lacroix (désormais secondés par l'ex-Blockheads et Afflictis Lentae, Raph, à la
basse et un nouveau batteur), en réchapperaient vivants, Mithra reprend
pourtant les choses là où son prédécesseur les avaient laissées avec le
mortifère "Dawn Redwood". On
savait que Caldera était détenteur d'un potentiel encore à peine déflorer. A
l'écoute de ce second opuscule, on mesure combien Mist Through Your
Consciousness, nonobstant ses énormes qualités, n'était en réalité que l'arbre
cachant la forêt. Plus libre que jamais et fort d'une formation le lui
permettant davantage, Caldera va donc encore plus loin, pousse à son paroxysme
son Metal indéfinissable, jadis maladroitement arrimé à la scène Stoner, puis à
la mouvance post Rock instrumental. Cela n'a pourtant rien à voir et seuls
quelques gratte-papiers puceaux du son pourront vainement tenter de rapprocher
le quatuor d'une quelconque famille musicale. Subdivisé en deux mouvements de
plus d'un quart d'heure chacun, Mithra épouse les contours d'un tout en réalité
indivisible, d'une forme cyclique évidente, que quelques écoutes ne suffisent
de toute façon pas à en déceler tous les angles, tous les recoins. C'est une
oeuvre dure et extrêmement noire se nourrissant d'un humus funéraire aux
confins du Doom et du Black Metal. Plus les années passent et plus le groupe
recouvre son art d'une couche nocturne opaque et se montre extrême dans ses
choix artistiques. Ce dont on ne peut que se réjouir tant cette direction lui
sied à merveille. Toute en progression et traversée par ce sens du riffing tour
à tour négatif ou plus Heavy mais toujours émotionnel,
"Lithogenitvs", ouvre la marche funèbre qui se révèle être une pièce
passionnante à suivre portant clairement la griffe de ses auteurs, dont il faut
absolument saluer les progrès réalisés en terme d'écriture. Les différentes
parties s'emboîtent les unes dans les autres avec fluidité pour aboutir à une
architecture néanmoins tranchante et voilée par cette mélancolie sourde et
coutumière. Ce n'est pourtant rien en comparaison de "Sacrificivm",
mortification franchement Black Metal dans l'esprit (certains partie de grattes
évoquent le genre). Pendant près de dix minutes, Caldera nous assène un Doom
Death instrumental lourd, récif noir contre lequel viennent s'écraser des riffs
froids et granuleux. Puis par le biais du travail de Dolorism, projet
douloureux de bandes son industrielles, le titre s'enfonce dans une cavité
Ambient humide avant de mourir peu à peu au son d'une guitare au bord de la
rupture seulement accompagnée vers les limbes par une batterie fantomatique.
Point final. Caldera est devenu grand. (2011)
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