4 novembre 2011

Unfold - Cosmogon (2011)


Souvenez-vous, c'était il y a onze ans déjà,Pure faisait exploser à la face de la sphère Hardcore, le nom deUnfold. Avec Shovel ou Impure Wilhelmina, le groupe était un des moteurs d'une scène suisse, véritable épicentre de la musique qui gueule. Puis, la faute sans doute à une instabilité chronique en terme de ressources humaines, Unfold disparait des écrans radar quelques mois après avoir accouché de Aeon Aony (2003). Les années passant, nous nous étions fait une raison, croyant que l'aventure entamée en 1993 était terminée. Définitivement. 

C'est donc à suprise et satisfaction, mêlées d'une vague inquitétude liée au fait que depuis Pure, le genre est devenu (trop) à la mode, encombré qu'il est désormais par des palettes entières de traîne-savates sans talent ni inspiration se contentant justement de dégueuler ce que Dirge (un autre revenant de cette année) ou Unfold ont façonné, que nous accueillons aujourd'hui le retour du collectif qui, tel un phénix funeste, renaît de ses cendres, avec sous le bras un troisième album auquel il suffit des six minutes que dure "Erebe", titre d'ouverture d'une puissance rageuse mourant sur d'ultimes mesures aussi mélancoliques que contemplatives posées par un claviers hantés échappées des années 70, pour balayer d'un coup de guitares lestées d'une inexorabilité poisseuse et plombée, nos craintes dont on se rend compte qu'elles étaient totalement infondées, les Suisses possédant toujours cette vision du genre, ainsi que ce petit plus que l'on nomme inspiration, qui font en définitive toute la différence, renvoyant à leurs échères études tous les suiveurs. On aurait pu les croire moins énervés sinon assagis, la violence épidermique des débuts désormais en jachère. Il n'en est rien. Forcément. 

Avec Cosmogon, on retouve Unfold tel qu'en lui même, la maturité en plus, tendu et enragé, désenchanté et suintant une beauté sourde mais réelle. Plus que les lignes vocales écorchées, très réussies au demeurant mais tellement pillées depuis qu'elles en deviennent presque quelconque, ce sont surtout ce sens des atmopshères déglinguées, reflets d'un monde contemporain à la dérive et une écriture (toujours) exigente qui impressionnent tout du long de ces six titres dont les premiers s'enchaînent, s'emboitent les uns aux autres, érigant un bloc aride, austère et tranchant. 


De fait, cette oeuvre sombre aux accents crépusculaires, parait se scinder en deux parties. A la première, courant donc de "Erebe" à "Hexahedron", dont les morceaux sont reliés par de superbes fondus enchaînés, succèdent une seconde basée sur "Ethera" qui, du haut de ses treize minutes, s'impose comme le coeur, le noyau de cette terre granitique que secouent des couches tectoniques en fusion. Entame nappée de touches seventies comme échappées d'un antique harmonium, montée en puissance fiévreuse minée par un poisseux et minéral désespoir, aplats lourds, mélodies déchirantes, tels sont les attributs de ce cratère béant dont la descente est balisée par de multiples percussions. Résonnant au son d'accords venimeux, "Eschaton", le bien nommé, ferme l'album sur une note radicale, forage sans espoir de retour dans un déluge terreux. 

Vous l'aurez donc compris, Cosmogon en six pistes fait oublier ces huit ans d'absence, incarnant un retour réussi dont on espère qu'il ne sera pas éphémère. Et ce d'autant plus que ses auteurs sont encore bien loin d'avoir tout dit...




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