Là, on n’est pas loin du culte. Née dans
les froides forêts de Lorraine, Epheles est une mystérieuse entité qui exalte
les forces de la nuit à travers un art noir aristocratique et élitiste. Première
œuvre officielle de ce qui n’est alors qu’un duo forgé autour des deux âmes
Nephtys et Malphas, L’ombre de la croix se veut à l’image de l’aura de ses
géniteurs et de son visuel : brumeuse, tourmentée, énigmatique… On ignore
quand elle a été enfantée puisque aucune date n’apparaît dans le maigre livret
qui accompagne son écrin. Autoproduction soignée que précédaient deux
démos, cet essai se compose de quatre poèmes sinistres et noirs. Le premier, le
long “ Winds Of Despair ” ne prend son envol qu’après une intro
interminable. Puis, les éléments se déchaînent, déroulant un paysage
grandiloquent et luxuriant qui ne manquera pas d’évoquer le Emperor de In The Nightside Eclipse. Durant près
de 10 minutes, les rythmes extrêmement rapides alternent avec des espaces plus
atmosphériques. “ Crucis Umbra ”, écrit en latin, s’ouvre
également sur une introduction qui pose le décor et qu’égrènent des nappes de
synthés funèbres. L’architecture est identique au titre précédent mais les
guitares sont plus mordantes ; elles crachent leur venin et suintent un
nihilisme gangrené par la pourriture. Possédé par des esprits nocturnes, le chant
se pare d’une grandeur vertigineuse, d’une dimension tout bonnement effrayante,
vigie funeste qui entraîne le pèlerin dans son sillage pour le mener dans
les ténèbres. Treize minutes qui parcourent de multiples ambiances, treize
minutes où rarement les puissances sombres de la nuit auront été aussi bien
exprimées. Après un instrumental mortifère, “ L’ange aux yeux
morts ”, L’ombre de la croix s’achève avec le fiévreux “ Les
livres de sang ”, saillie rapide, brutale, polluée par des cris qui lui confèrent
des allures de messe noire, de cérémonie incantatoire. Voilà donc un premier
album qui ouvrait pour Epheles un avenir prometteur. Las, la suite n’a pas été,
pour l’instant, à la hauteur de cet acte de naissance, la faute à des problèmes
de labels qui ont contraint le groupe à graver deux fois son successeur,….. En
espérant que l’entité n’a pas depuis été avalée par le ventre de la forêt… 4/5 (2010)
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