Un
an après Microcosmos, quelques mois à peine après avoir délivré le second
méfait de son Blood Of Kingu et sans compter le EP Slavonic Chronicles, Roman
Saenko est déjà de retour dans les bacs avec un huitième opus de Drudkh. Cette
formation, autrefois mystérieuse, s’est imposée en l’espace de quelques années
comme un des groupes de Black Metal les plus passionnants même si certaines
mauvaises langues estiment que ses dernières offrandes n’apportent plus
grand-chose à un édifice dont le sommet a été atteint d’entrée de jeu avec le
majestueux Forgotten Legends en 2003. Si ces mauvaises langues n'ont peut-être
pas tout à fait tort, Microcosmos témoignait par moment de timides tentatives
pour briser une trame désormais éprouvée. Et ce qui n’était donc que légèrement
perceptible avec ce disque devient évident avec son successeur. Si, à première
vue, Handful Of Stars semble arpenter le même caveau que ses aînés, avec son
architecture composée de deux courtes pièces instrumentales en guise
d’ouverture et de conclusion, encadrant quatre longues complaintes de près de
dix minutes chacune, de nombreux détails viennent perturber une identité aux
invariants figés dans le sol ukrainien. Déjà, le prologue "Cold
Landscapes", squelettique et sinistre, rompt avec les introductions
folkloriques passées. De fait, ce n’est plus la nature et les légendes d’Europe
Centrale qui paraissent nourrir l’album mais plutôt une thématique plus
spirituelle et cosmique bien qu’elle soit toujours très mélancolique. Apogée de
Handful Of Stars, "Downfall Of The Epoch", après quelques secondes habituelles
de la part de ses auteurs, tend rapidement un pont entre leur Black Metal
atmosphérique si personnel et le Kataonia séminal, celui de Brave Murder Day
(le meilleur donc). Les lignes de guitares, qui en constituent la colonne
vertébrale, vous donnent des frissons qui ne vous quitteront quasiment plus
jusqu’à la mort de ce titre parmi les plus beaux jamais écrits par le groupe. La
production, où pour une fois on entend très bien la basse (sur "Towards
the Light", notamment, transpercé par un solo suintant une tristesse
infinie) , est sèche et osseuse mais colle parfaitement aux teintes austères de
l’ensemble. Par la suite, le final étonnant de "Twilight Aureole"
avec ses effets de guitare inédits, confirme la volonté des Ukrainiens de
rénover une signature qui demeure toutefois reconnaissable entre mille
("The Day Will Come"), grâce au chant râpeux de Thurios et à cette
façon très particulière de répartir les instruments et de faire évoluer les
titres.Si, entre la mise en bière de l’irremplaçable Hate Forest, un premier
assaut de Blood Of Kingu maladroit et les deux précédents efforts de Drudkh,
certains ont pu croire que Roman Saenko commençait à afficher une inspiration
en berne, The Sun In The House Of The Scorpion et ce Handful Of Stars viennent
infirmer cette impression. Mieux, jamais depuis la période 2003 - 2005, le
musicien n’a semblé aussi inspiré ! En injectant un peu de sang frais à Drudkh,
il confirme de la plus belle des manières que celui-ci n’a pas encore tout dit,
loin de là et ce faisant, il offre le meilleur album sous la bannière slave
depuis Blood In Our Wells. 4/5 (2010)
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