9 juin 2010

DISPERSED ASHES - An Arithmetic of Souls (2010)

Maltkross Production - 8/10

Mark Thompson est vraiment un artiste étonnant. Peintre et photographe au talent reconnu, il rumine tout seul dans son coin (comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement) une musique suffocante dont il serait commode de dire qu’elle est l’exacte pendant sonore de ses obsessions visuelles. 

Pourtant, avec Dispersed Ashes, l’Allemand s’enfonce encore plus loin dans une forme de contemplation misanthropique. Arrivant peu après deux démos remarquées dans l’underground charbonneux et dont il confirme le potentiel, An Arithmetic of Souls constitue sa première procession funèbre officielle. Elle se veut la peinture d’un funeral doom presque aussi abyssale que celui sculpté par Tyranny mais que certains oripeaux plus mélodiques (« An Arthmetic of Souls ») empêchent de totalement sombrer dans la dépression sans espoir de retour. 

Si ces plaintes d’une léthargie agonisante digne d’une limace ayant absorbé du Valium par boîte de douze, ne s’éternisent jamais - on tient d’ailleurs  dans ce trait l’un des principaux caractères du projet -, le fait est qu’elles n’ont pas besoin de battre des records de durée pour recouvrir d’un suaire désespéré tout ce qui les entoure. 

Sur un substrat de guitares au son grêles et osseux ("Reluctantly Severed"), Mark pose sa voix d’outre-tombe éructée d’une gorge plus profonde que celle de Linda Lovelace, pinceau trempé dans l’encre la plus noire qui lui sert à déverser sa tristesse la plus absolue. Cet album a quelque chose d’une masse grouillante d’un mal être qui doit davantage au black metal qu’au doom dont les divers segments paraissent n’en former qu’un seul, beau d’un sens de la dépression terrifiant. 

Cette musique opaque et presque autiste pour la manière sourde dont elle résonne, semble provenir des arcanes mêmes de la terre ("A Process of Removal"). Plus ça va plus Dispersed Ashes s’enlise, dans le bon sens du terme, dans un abîme de douleur dont son auteur ne parviendra peut-être jamais à s’extraire. Pierre par pierre, c’est un édifice cohérent qui s’érige sous nos oreilles, un édifice aux plaies béantes que l’homme aime à creuser, à fourailler. Il sait distiller une atmosphère étouffante comme peu y parviennent. 

Uniquement disponible en format cassette, An Arithmetic of Souls est donc la corde indispensable pour ceux qui auraient des envies de suicide. Une ode désolée et étonnement intimiste. (cT2010)


TRACKLISTING
  1.  The Earth In My hands 05:05
  2. Exile 05:47
  3. An Arithmetic of Souls 05:58
  4. Reluctantly Severed 06:20
  5. Neither Truth Nor Beauty 04:23
  6. A Process of Removal 05:39
  7. To Break Myself 05:44
  8. The Emotions of Euclid 04:57
TOTAL RUNNING TIME 44:00


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