Ecouter Children Of The Sün revient à faire un bond dans le temps, à la fin des années 60 en pleine vague hippie. Flower Power, combi VW bariolé, l'amour et pas la guerre. Les Etats-Unis sont enlisés dans la jungle vietnamienne et Woodstock est la caisse de résonnance d'une révolution culturelle. Ecouter Children Of The Sün, c'est donc aussi voyager, du côté de la Californie et de San Francisco plus précisément. Pourtant le groupe n'est pas américain mais suédois. Ce qui s'entend par cette insolente maîtrise typiquement scandinave qu'il ne manque pas de déballer avec une tranquillité toute aussi effrontée. Une origine géographique qui du reste n'étonne pas vraiment puisque cette terre froide est depuis longtemps le berceau de tout un revival seventies, incarné par Witchcraft, Spiritual Beggars, Graveyard ou Blues Pills. Au vrai, la seule originalité que peut afficher Children Of The Sün réside dans son casting presque entièrement féminin. Pour le reste, rien que du connu donc, tant dans le look vestimentaire que dans une musique chaude et rythmée aux accents blues et folk. Mais dans un style où l'énergie ensoleillée prime de toute façon sur l'audace, les Suédois ont su d'emblée faire fondre le cœur des mélomanes nostalgiques des années 70 grâce à un premier album ("Flowers") du feu de dieu et dont la réussite est aujourd'hui déclinée, et même amplifiée, par ce Roots curatif qui fait tout simplement du bien. Comme un bain d'ondes positives dans lequel on trempe avec une délicieuse délectation.
Cette deuxième rondelle reprend ainsi les choses là où les a laissées son aîné il y a presque trois ans. D'entrée de jeu, le groupe nous ferre avec un 'Reflection' à la fois tendre et puissant que propulse l'organe incandescent de Josefina Berglund Ekholm, maîtresse de cérémonie en même temps que prêtresse d'un culte solaire et printanier. A peine durcit-elle parfois le ton en rugissant un peu à la manière de sa compatriote Elin Larsson (Blues Pills) et donc de leur muse Janis Joplin. Au sein d'un ensemble toujours aussi moelleux et quelquefois enrichi de teintes Gospel ('Blood Boils Hot', 'The Soul') se révèle une appétence nouvelle pour des traits légèrement plus durs, plus hard que rock, comme l'illustre un 'Gaslightning' remuant et corsé. Néanmoins, Children Of The Sün demeure fidèle à une expression souvent délicate, ourlée d'une douce mélancolie (le squelettique 'Man In The Moon') et toujours chaleureuse dans son accroche directe et mordante. Les chansons sont trapues, tapissées d'instruments aussi discrets que soyeux qui tissent le cocon doux et percutant dans lequel le chant éblouissant de Josefina peut se déployer, riche d'une multitude de nuances. Couplées à une écriture finement ciselée, ces vocalises emportent tout, témoin notamment ce 'Leaves' irrésistible qu'elles entraînent dans une sente forestière et énergique avec une vigueur poétique. Roots démontre que Children Of Sün a su franchir haut la main l'étape du deuxième album, délivrant un rock raisonnablement appuyé mais toujours savoureux qui baguenaude avec sérénité entre folk et blues d'un autre temps. (23.05.2022 | MW) ⍖⍖⍖
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