Au risque de se répéter, le cinéma coquin des années 70, français notamment, avait décidément une autre gueule que son descendant actuel uniquement mû par une obsession anatomique de la performance. Moins excitant sans doute (encore que) mais artistiquement plus ambitieux. Techniciens chevronnés ayant souvent faire leurs classes dans le cinéma traditionnel, les Frédéric Lansac (Claude Mulot pour l'état civil), Georges Fleury (Jean Desvilles), Patrick Aubin (Jean-Claude Roy) ou Burd Trandbaree (Claude-Bernard Aubert) sans oublier tous ceux qui hésitaient entre érotisme et porno (Pierre Chevalier, Jean Rollin...), associaient savoir-faire cinématographique et scénario (un peu) élaboré au service de films ancrés dans la France des seventies et animés par des acteurs doués d'une présence certaine.
Gérard Kikoïne complète bien évidemment cette liste d'artisans joyeusement vicelards. 2 soeurs lubriques, exploité aussi sous le titre Jouir ! n'est pas son travail le plus renommé mais témoigne de cette ambition revendiquée accouplée à une habileté technique évidente. Ambitieux, le film, écrit par Claude Mulot, l'est à bien des égards, tant dans le fond que dans la forme. Baignant dans une atmosphère chaude et onirique, le fond dévoile un mari s'interroger sur sa femme dont il découvre à travers les rêves humides qui la tordent de plaisir l'existence d'une soeur forcément lubrique. Ce sujet aux relents psychanalytiques commande une forme parfois quasi expérimentale aux confins d'un psychédélisme chamarré.
Ceux qui espèrent y butiner matière à excitation en seront du coup pour leur frais tant Kikoïne semble s'amuser à rompre le désir, à freiner l'élan sexuel de scènes dont la beauté copule avec une approche tarabiscotée. Au risque de décevoir. Pourtant, peuplé de vits familiers, ceux des indispensables Alban Ceray et Dominique Aveline, le film n'est pas en reste pour faire le zizi tout dur avec force fellations, pénétrations en (très) gros plan et éruptions grumeleuses... Morgane et Cathy Stewart sont de désirables cochonnes que la caméra vicieuse glorifie. Bref, 2 soeurs lubriques n'est pas le porno français des années 70 le plus fameux mais il se révèle aussi que curieux que jouissif. (vu le 09.11.2021) ⍖⍖⍖
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