13 novembre 2021

KröniK | Opeth - Morningrise (1996)




A peine un an après avoir offert au monde un premier album d'une beauté rare, Opeth nous revient déjà avec une nouvelle offrande dans sa besace. Sa rapidité n'a rien de surprenant lorsque l'on sait que le groupe disposait avant d'entrer en studio pour enregistrer Orchid, d'une tonne de compos, lesquelles ont atterri soit sur ce dernier soit sur son successeur. De fait, il est évident que Morningrise ne s'avère guère différent de son majestueux prédécesseur : même producteur (Dan Swanö et les fameux Unisound Studios), un style identique, et à l'arrivée, une même réussite artistique. Avec plaisir, nous nous retrouvons donc en terrain connu. Fidèle au style dont il a esquissé les bases sur Orchid, Opeth nous assène à nouveau ces (très) longs titres dont il semble le seul à posséder le secret (et la clé !), qui entraînent le death metal vers des confins vierges et que beaucoup n'auraient jamais soupçonné. Car la grande force, et l'originalité des Suédois est de façonner une vision du death metal qui n'appartiennent qu'à eux. Ambitieux, aventureux, ils ne craignent pas d'introduire tout un pan acoustique au sein d'un morceau, de recourir à des arpèges de guitare veloutés à la simplicité touchante ("The Night And The Silent Water") ou de carrément écrire une pure ballade ("To Bid You Farewell", superbe et presque psychédélique par moment) ; du jamais vu dans le landerneau du metal de la mort davantage habitué au gros qui tache, à la barbaque et aux blasts qui déboulent à 200 à l'heure. 

Pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'être touché par la grâce d'Orchid, sachez que le groupe forge une musique unique en son genre, à la croisée du death metal (pour ses racines), du metal atmosphérique et du progressif, faite de longs morceaux, sans véritables accroches permettant de se repérer, et donc plus proche du foisonnement labyrinthique que de la simple chanson, à la fois brutale et belle, portés par des vocaux caverneux, parfois contrebalancés par un chant clair et par des guitares lumineuses qui répandent une mélancolie toute automnale. Chaque titre est comme une plongée dans l'inconnu, dans lequel tout peut arriver, les musiciens, conduits par l'hydre à deux têtes constituée de Mikael Akerfeldt (chant et guitare) et de Peter Lindgren (guitare), nous balançant au gré de brusques cassures rythmiques entre violence débridée et pauses quasi contemplatives, à l'image de l'énorme "Black Rose Immortal" qui, du haut de ses 2O minutes nous enfonce dans un tourbillon vertigineux et versatile. Bien sûr, d'aucuns argueront que ces titres inutilement longs ne sont qu'assemblages de fragments divers placés bout à bout, digne des pires travers dans lesquels se sont embourbés les géants du progressifs, tels que Yes ou ELP. A cela, nous rétorquerons qu'ils n'ont rien compris à la démarche d'un groupe qui fait souffler un vent de nouveauté au sein d'un genre moins codifié et rigide qu'il n'y paraît de prime abord. Il est d'ailleurs intéressant de relever que la Suède, une poignée d'années après la déferlante Entombed / Unleashed / Dismember, est à nouveau le théâtre  d'une mini révolution stylistique dont l'épicentre semble être le studio Unisound autour duquel gravitent, en plus d'Opeth, Katatonia et Edge Of Sanity,  qui sont comme les trois côtés, certes différents d'un même triangle. (02.04.2007) ⍖⍖⍖

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