Un chirurgien, dont la petite fille a été violée et tuée, kidnappe son bourreau pour le torturer pendant sept jours avant de l'exécuter afin de se venger et de répondre à une justice qu'il estime trop clémente. Romancier québécois, Patrick Sénécal adapte son propre bouquin publié en 2002 dont la réalisation est confié à Daniel Grou (Podz). On ne pourra donc reprocher au film de manquer de fidélité tant au livre, dont il dévide la trame sans jamais bifurquer, qu'au style de l'auteur, d'une froideur clinique redoutable, à laquelle participe l'absence de musique, fait extrêmement rare pour être souligné. Si, de loin, Les 7 jours du talion semble alimenter cette mode du thriller horrifique à l'esthétisme mortuaire, il s'en éloigne pourtant par son calme méthodique et son refus du gore, même si les chairs tuméfiées et ensanglantées n'en sont pas absentes. Il ne cherche aussi nullement à délivrer un message contre la vengeance et la justice personnelle ni à juger son personnage principal. Ni pathos ni gore, l'œuvre trouve finalement un ton singulier, davantage portrait d'un homme brisé, qui s'estime responsable de la mort de sa fille et dont on suit la descente dans ses enfers intérieurs que barnum anatomique de sévices en tous genres et ce, quand bien même et encore une fois, la violence n'en est pas éconduite. Courtes, presque secondaires, ces scènes frappent pourtant par leur réalisme organique et leur intensité sale. Le fait que le meurtrier soit enchainé nu installe un malaise dérangeant. Cette brutalité sourde tranche avec l'interprétation toute en intériorité de Claude Legault dont la colère mutique ne l'exonère pas d'une folie souterraine. A cette haine froide qui l'habite à l'encontre du "monstre" répond son désarroi face au cadavre d'une biche en décomposition dont on ne sait pas s'il veut la protéger des souillures ou la ôter de sa vue, tout d'abord en la recouvrant de bouts de bois avant de la jeter au fond d'un lac. La dépouille remontra néanmoins à la surface comme pour le hanter... Les 7 jours du talion est un bon film méconnu qui donne furieusement envie de s'abîmer dans l'univers de Patrick Sénécal. (vu le 05.01.2021) ⍖⍖⍖
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