Scriptures est le huitième album de Benediction. Douze ans qu'on l'attendait celui-là ! Qui plus est, le retour aux affaires du chanteur Dave Ingram, après un hiatus long d'une bonne vingtaine d'années (il avait déserté le groupe en 1998) était de bon augure, même si Dave Hunt (Anal Nathrakh), son remplaçant, n'avait pas démérité sur Organized Chaos (2001) et Killing Music (2008). Ce tardif nouvel opus scelle donc une double résurrection, celle d'un pionnier du death metal de la Perfide Albion et d'un mineur caverneux parmi les plus révéré du genre. Alors certes, Ingram ne s'est pas montré inactif durant tout ce temps, dépannant Bolt Thrower (sur Honour - Valour - Pride) ou Hail Of Bullets et menant le plus modeste Down Among The Dead Men dans un registre plus crust punk, mais le fait est que, depuis dix ans environ, son nom rimait avant tout avec de funèbres souvenirs et moins avec une actualité réellement marquante. Le voir de nouveau beugler dans son port d'attache historique est ainsi une excellente nouvelle. A l'exception de la section rythmique composée de jeunes recrues, Benediction aligne en définitive ni plus ni moins que les trois cinquièmes du line-up qui a enfanté, entre autres, les classiques The Grand Leveller, Transcend The Rubicon entre 1991 et 1993.
Ceci dit, s'il est généralement l'assurance d'une inoxydable habileté, ce genre de retour de vieux briscards ne se solde pas toujours par la réussite espérée. On ne compte plus en effet les come-back décevants de musiciens figés dans un passé aussi glorieux que révolu. Rien de tout cela avec les Anglais sur lesquels l'âge semble n'avoir aucune prise. Sans surprise peut-être mais avec la maîtrise tranquille de gaillards rompus au bétonnage en règle, ils nous balancent à la figure 42 minutes d'un death metal plus intemporel qu'old school. Pas de temps mort ni guère de nuances non plus il est vrai, juste de la brutalité à l'état pur. Une brutalité plus pesante que véloce toutefois, qui se répand par le biais de mid-tempos lourds comme des rouleaux-compresseurs. Il en résulte un album étouffant, véritable plongée dans la panse malsaine d'un monde souterrain. Accordés plus bas que terre, les instruments dégazent une ambiance méphitique à laquelle participent bien entendu les vocalises abyssales de Dave Ingram dont les gorges profondes font trembler les murs. Affolant le compteur Geiger, Scriptures maintient tout du long un rythme implacable comme un étau vicié, multipliant les pénétrations rampantes ('The Crooked Man', 'Neverwhen'), ce qui ne l'exonère pas d'un caractère féroce propice au déboitement des cervicales, témoins les remuants 'Stomcrow', 'Rabid Carnaly' ou 'The Blight At The End' dont les lourds contreforts sont secoués par une énergie tenace. Sans pour autant avoir le regard braqué en arrière, Benediction bastonne ce qu'il sait faire de mieux, à savoir ce death metal puissant et impitoyable que dresse une turgescence caverneuse. Sortie majeure de l'année 2020, Scriptures comblera à coup sûr les admirateurs du genre. (14.11.2020 | MW) ⍖⍖
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