Disparu des écrans-radar depuis 2008 et la réédition par Moribund
Records de sa première offrande, gravée deux ans plus tôt, Empire Auriga
revient aujourd'hui presque de nulle part, long tunnel qui témoigne d'une
activité en pointillés. Malgré ce "Auriga Dying" de (plutôt) bonne
mémoire, les Américains ont depuis été un peu oubliés, ce qui confère à leur
retour que personne n'attendait plus vraiment, des allures de nouveau
départ. Ceux qui ont écouté - et apprécié - cet opus séminal pourtant, se
souviendront peut-être d'un black metal des plus aventureux fleurtant avec le
post rock. A quoi ressemble le groupe huit ans plus tard ? Quelle voie
a-t-il décidé d'explorer ? "Ascending The Solar Throne" en
apporte la réponse. Son titre associé à un visuel d'inspiration spatiale
suggèrent une dimension cosmique, promesse d'un voyage astral aussi sombre que
mystérieux. Et surtout oppressant, vicieux magma où prolifèrent des émanations
malsaines. Pollué à l'extrême, le son pourrait être celui d'un art noir
dépressif tavelé de miasmes lugubres. Cette croûte sonore sert en réalité
d'écrin à une rumination déglinguée aux portes de l'indus le plus sinistre.
Noyées sous une épaisse couche d'effets saturés, ces plaintes semblent provenir
de très loin, d'avoir été capturées au fond d'un caisson de résonnance dérivant
dans un trou noir. Proche d'une bouillie hypnotique dans son expression
sciemment répétitive ("Waste"), "Ascending The Solarthrone"
suinte pourtant une espèce de beauté aussi obscure que désespérée
("Planetary Awakening"), tapies sous cette masse grouillante de riffs
maladifs, de sonorités froides comme la mort. Le fait que le chant, hurlé
et lui aussi inaudible, soit volontairement en retrait, avalé par une nuit
opaque, enrobe l'album d'un linceul quasi instrumental. Depuis "Prophetic
Light", bloc sonore d'une puissance viciée et d'une monumentale noirceur,
jusqu'au terminal "The Last Passage Of Azon Grul" qu'enveloppent des
ondes ambient, l'oeuvre paraît suivre une ligne directrice précise interdisant
une découverte émiettée où chaque titre, loin d'être interchangeable, a son
rôle à jouer dans cette symphonie cosmique. Aux ambiances froidement tristes
régnant tout du long, cède au bout du passage une pale lumière, signe de vie...
ou de mort peut-être bien. Ces années d'abstinence ont été bénéfiques à
Empire Auriga qui se voit aujourd'hui métamorphosé. et ce qu'il a peut-être
perdu en personnalité, il le compense désormais par une énergie presque
cryptique et minée par un désespoir infini... La conclusion est facile mais
souhaitons que les Américains ne disparaissent pas à nouveau, ce qui
annihilerait la portée de cette offrande à la réussite aussi inespérée que
terrifiante. 3.5/5 (2014)
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