10 novembre 2011

KröniK | After Forever - Decipher (2001)


Malgré la réussite artistique de Prison Of Desire, publié l'année précédente, c'est véritablement grâce à son successeur que After Forever va s'imposer dans la cour des grands du Sympho-Gothic-Metal. On peut même affirmer que le groupe, sous sa configuration classique c'est-à-dire fonctionnant avec le binôme Mark Jansen/Sander Gommans, y apparait (déjà) à son apogée. Tout est en place, les hymnes sont là, le charme et l'empathie pour une troupe de musiciens encore innocents, aussi. S'il creuse un sillon identique à son aîné d'un an, Decipher l'amplifie par une prise de son plus enveloppée, donnant plus de corps et de puissance à une dimension orchestrale que le guitariste démissionnaire continuera d'explorer avec Epica alors que After Forever tendra, à partir de Exordium et Invisible Circles, à couler son identité dans une musique plus brute et réaliste tout en se voulant plus thrashy peut-être, évolution en demi-teinte qui lui permettra toutefois de se distinguer à la fois de son concurrent naturel et de la masse toujours plus grande des inévitables suiveurs qui ne manqueront pas les années suivantes de tenter de se frayer un chemin dans son sillage.

Basé sur l'accouplement, certes éprouvé mais efficace, entre chant opératique féminin, celui de la sculpturale Floor Jansen, et sur les grognements de bête en rut de son homonyme dont on a cru - à tort - qu'ils étaient frère et sœur ou bien époux, auquel les Hollandais greffent des modelés symphoniques qui, loin d'en limer la puissance lui confère une ténébreuse beauté, l'opus déroule une trame redoutable qui sera ensuite reprise par Epica : une intro grandiloquente pour commencer ("Ex Cathedra"), un titre pêchu aux allures d'hymne instantané qui lui embraye le pas ("Monolith Of Doubt"), un final sombre et grandiose ("Forlorn Hope") et entre, une succession de pièces soit épiques (l'immense "My Pledge Of Allegiance", qu'ouvrent des arabesques orientales, "Estranged"), brulots plus ramassés ("Zenith", "Emphasis") et pause où toute l'émotion dont est capable la belle éclate au grand jour ("The Key"). Aucune baisse de régime, aucun remplissage durant ce Decipher dont on peut estimer, sans prendre trop de risque, qu'il reste ce que le groupe a fait de mieux (avec son testament de 2007) et qu'il peut être envisagé comme une des pierres angulaires du genre avec bien entendu, The Phantom Agony de qui vous savez. Si l'on peut regretter que l'association aussi inspirée que complémentaire entre les deux guitaristes ait été (trop) éphémère, aboutissant à une implosion certainement inévitable eu égard aux directions musicales que les deux protagonistes emprunteront par la suite, mais survenue cependant bien trop vite, la scission de ces deux fortes individualités accouchera à la fois d'une seconde formation de qualité (Epica pour ne pas la nommer) et d'un After Forever aux atours différents, plus modernes mais non moins intéressants. (10.11.2011) ⍖⍖⍖









Despite the artistic success of Prison Of Desire, published the previous year, it is really thanks to its successor that After Forever will impose itself in the big league of the Sympho-Gothic-Metal. We can even say that the group, under its classic configuration, i.e. working with the duo Mark Jansen/Sander Gommans, appears (already) at its peak. Everything is in place, the hymns are there, the charm and empathy for a group of still innocent musicians, too. If he digs an identical groove to his one-year-old brother, Decipher amplifies it with a more enveloped sound recording, giving more body and power to an orchestral dimension that the resigning guitarist will continue to explore with Epica while After Forever will tend, from Exordium and Invisible Circles, to flow its identity into a more raw and realistic music while perhaps wanting to be more thrashy, an evolution in half-tone that will however allow it to distinguish itself both from its natural competitor and from the ever-increasing mass of the inevitable followers who will not fail in the following years to try to find their way in its wake. Based on the coupling, certainly tried and tested but effective, between the female operatic song, that of the sculptural Floor Jansen, and on the rutting grunts of her namesake, of whom we mistakenly believed that they were brother and sister or husband, to whom the Dutch graft symphonic models which, far from filing down their power gives them a dark beauty, the opus unfolds a formidable framework which will then be taken up by Epica: a grandiloquent intro to begin with ("Ex Cathedra"), a catchy track that looks like an instant anthem that engages her ("Monolith Of Doubt"), a dark and grand finale ("Forlorn Hope") and enters, a succession of pieces is epic (the immense "My Pledge Of Allegiance", opened by oriental arabesques, "Estranged"), more collected burns ("Zenith", "Emphasis") and a pause where all the emotion of which the beautiful burst into the open ("The Key"). No decrease in speed, no filling during this Decipher which we can estimate, without taking too much risk, that it remains what the group did best (with its will of 2007) and that it can be considered as one of the cornerstones of the genre with of course, The Phantom Agony of whom you know. While it is regrettable that the inspired and complementary association between the two guitarists was (too) ephemeral, leading to an implosion that was certainly inevitable in view of the musical directions the two protagonists would later take, but which occurred far too quickly, the split between these two strong individualities would give rise to both a second quality formation (Epica, not to mention it) and an After Forever with different, more modern but no less interesting attire. (10.11.2011)

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