6 mai 2023

KröniK | Yngwie Malmsteen - Odyssey (1988)




Quatrième opus du maestro, Odyssey poursuit une double évolution à la fois sur le fond et sur la forme. Sur le fond, tout d’abord, il continue de creuser le sillon mélodique, presque Hard FM, entamé par son prédécesseur, Trilogy, sur des titres tels que « Liar » ou « Queen In Love », faisant de cette nouvelle offrande, la plus commerciale du Suédois. Dans la forme, on sent la volonté chez Yngwie, autrefois assez vague, de s’entourer d’un vrai groupe. Le fait qu’il laisse pour la première fois son chanteur écrire les paroles de ses chansons participe de cette révolution de palais. Et en embauchant à la place de Mark Boals, qui ne sera resté que le temps d’un unique album, Joe Lynn Turner, l’ex-Rainbow, il est clair que le guitariste désire occuper le trône jadis détenu par Ritchie Blackmore et son Arc-en-ciel, aujourd’hui disparu. Pour l’anecdote, il faut noter qu’un autre ancien membre de Rainbow apparaît sur ce disque, Bob Daisley, dont la basse résonne sur quatre titres. De fait, Odyssey s’avère parfois très proche de Bent Ou Of Shape, testament de l’homme en noir avec son projet personnel, la démonstration en plus. L’écoute débute par deux morceaux qui ne laissent tout d’abord pas augurer du meilleur : « Rising Force » et « Hold On », efficace mais (beaucoup) trop mélodiques. A partir de « Heaven Tonight », les choses commencent à s’arranger. Imparable, ce titre a tout du hit en puissance. « Dreaming (Tell Me) » est une bouleversante ballade, qui permet à Malmsteen de répandre un feeling incroyable. Il démontre par la même qu’il n’est pas uniquement un recordman de vitesse et que son jeu peut se colorer d’émotions. 


Précédé d’un court instrumental bien dans la tradition, « Riot In The Dungeons » déboule à 100 à l’heure, sans pour autant marquer durablement les esprits. Il n’en va pas autant du magnifique « Deja Vu » et du non moins réussi « Crystal Ball », tous les deux illuminés par des refrains inoubliables et des interventions racés et flamboyantes du virtuose qui, en mettant son incroyable dextérité au service de vraies chansons, n’en gagne que plus de force et d’impact. Moins marquants sont « Now Is The Time » et ses lignes de claviers sirupeuses et dans une moindre mesure, « Faster Than The Speed Of Light ». En revanche, Odyssey s’achève sur un feu d’artifice, le furieux instrumental « Krakatau », conduit par des joutes entre Yngwie et Jens Johansson, digne du « Little Savage » présent sur Rising Force et le court  et néanmoins sublime « Memories ». Démonstratif certes, à l’image du bonhomme qui n’a pas remisé son égo au placard, mais tellement jouissif. Un grand disque donc, inégal  peut-être car pollué par quelques compositions moins inspirées, qui prouve toutefois que lorsque le guitariste toujours aussi volubile s’inscrit dans une dynamique collective et moins individualiste, il peut produire de grandes choses car, contrairement à la plupart de ses imitateurs, Malmsteen sait COMPOSER. Et quand il est secondé par un chanteur de l’acabit de Joe Lynn Turner, le résultat ne peut qu’être réussi. Dont acte. (14.10.2007) ⍖⍖⍖

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