Le succès que rencontre Frankenstein s'est échappé incite évidemment la Hammer à en tourner une suite avec la même équipe, à l'exception notable de Christopher Lee et du compositeur James Bernard. Terence Fisher signe donc le film, Jimmy Sangster en écrit le scénario, Bernard Robinson (décors) et Jack Asher (photographie) rempilent tout comme l'indispensable Peter Cushing. La revanche de Frankenstein reprend là où son aîné s'achevait. Le baron est conduit est à la guillotine mais grâce à Karl, son homme à tout faire, il échappe à la mort. Nous le retrouvons trois ans plus tard, exerçant la médecine dans une ville allemande sous un faux nom. Entre son cabinet où défilent les femmes de la bourgeoisie et le dispensaire où il soigne les miséreux, Frankenstein poursuit néanmoins ses expériences. Visuellement moins chatoyante et plus sombre sinon austère que The Curse Of Frankenstein, cette suite n'en est pas moins intéressante car plus complexe. Alors que le roman de Mary Shelley les engonçait quelque peu, Fisher et Sangster semblent cette-fois se libérer du matériau originel pour creuser davantage la personnalité tortueuse du docteur.
Plus encore que dans le film précédent, celui-ci s'impose comme le véritable héros. Il y apparait plus sympathique, méprisant envers les notables et la bourgeoisie (une constante chez le réalisateur), offrant son temps aux nécessiteux mais toujours guidé par la science et le progrès. L'œuvre questionne l'éthique en médecine et interroge sur les limites de cette dernière. En outre le personnage de la créature est judicieusement enrichi. Prisonnier d'un corps difforme, Karl accepte que son cerveau soit transféré dans une autre enveloppe charnelle, ouvrant pour lui l'espoir d'une vie meilleure et moins honteuse. Malheureusement, après s'être battu avec une brute épaisse qui l'a blessé à la tête, il voit sa tare déformer son nouveau corps. Ce qui déclenche en lui colère et violence en même temps qu'une inexorable tristesse que l'on ne peut que partager. Thématiquement plus riche que son devancier et emprunt d'un humour très noir, davantage porté sur l'atmosphère que sur l'horreur sanglante, La revanche de Frankenstein rencontra pourtant un échec commercial, contraignant la Hammer à remiser un temps la production d'un troisième film. L'empreinte de Frankenstein ne verra le jour qu'en 1964 mais sans Terence Fisher, remplacé par Freddie Francis... (11.02.2022) ⍖⍖⍖⍖
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