23 février 2019

KröniK | The Spirit - Sounds From The Vortex (2017)


Pour mesurer le (quasi) naufrage d'un Necrophobic rouillé, quoiqu'au demeurant toujours efficace, il suffit de comparer son récent "Mark Of The Necrogram" inodore à ce "Sounds From The Vortex" pourtant sorti de nulle part, premier méfait tourbillonnant d'une haine nocturne craché par une pousse allemande qui a tout compris de l'art noir gonflé au death metal. Cet album n'est cependant pas une nouveauté car publié à l'origine par le modeste label Eternal Echoes en octobre 2017. Cette faible exposition n'a pas empêché les têtes chercheuses de Nuclear Blast de repérer The Spirit dont il a ainsi l'excellente idée de ré-éditer le prometteur galop d'essai. Alors certes, les Teutons n'inventent rien. De fait, ils n'échappent ni à la mode d'une identité camouflée par de simples initiales ni à un (nouvel) artwork pompé sur les travaux du désormais incontournable Costin Chioreanu mais toutefois réussi.

De même, le tribut qu'ils doivent à toute la vague du black metal suédois des années 90 en général et à Dissection et Necrophobic (justement) en particulier ne peut que sauter aux oreilles. Mais, dressant la lourde hampe d'une créativité connectée directement aux ténèbres, ils ne sont pas loin de parvenir à nous faire oublier qu'ils ne sont que les rejetons d'une longue tradition dont ils perpétuent l'allégeance aux esprits de la nuit. Dès l'intro éponyme, "Sounds From The Vortex" appuie sur l'interrupteur, emplissant la pièce d'une noirceur tentaculaire que fouillent des guitares menaçantes et un chant écorché comme vomi d'une gargouille millénaire. Si le tempo reste tout du long, soutenu, implacable machine de guerre lancée à toute vitesse à travers les méandres de l'âme humaine, The Spirit s'autorise de reptiliennes perforations qui viennent efficacement briser le tumulte d'une brutalité crépusculaire alors que les six-cordes passent du scalpel au pinceau trempé dans une sombre beauté. L'immense (à tous points de vue) 'The Clouds Of Damnation' en témoigne, pièce épique longue de plus de sept minutes qui résume à elle seule la façon dont les Allemands bâtissent une architecture puissante et émotionnelle, ténébreuse et limpide  tout ensemble. Martelant un sol ensanglanté, meurtri par de profondes crevasses, le terminal 'Fields Of The Unknown' illustre également de la plus vibrante des manières cette expression torrentueuse dans sa brutalité conjuguée au désespoir. La durée des titres offre à leurs auteurs l'espace nécessaire pour galoper dans les abîmes sinueux d'un multivers cosmique. S'il ne saurait être confondu avec une hostie incontournable, il n'en demeure pas moins que "Sounds From The Vortex" permet à The Spirit de frapper d'entrée de jeu un grand coup, livrant un album de black death aussi inspiré que redoutable auquel il ne manque qu'un peu de personnalité et une ou deux pistes supplémentaires qui auraient étoffé un menu qui file trop vite. (01/09/2018) ⍖⍖⍖



To measure the (almost) sinking of a rusty Necrophobic, although still effective, it is enough to compare his recent odourless "Mark Of The Necrogram" to this "Sounds From The Vortex", the first whirlwind of a night hatred spit by a German shoot that has understood everything from black art to death metal. However, this album is not new because it was originally released by the modest label Eternal Echoes in October 2017. This low exposure did not prevent Nuclear Blast's research heads from spotting The Spirit, whose excellent idea it is to re-issue the promising test gallop. So certainly, the Teutons do not invent anything. In fact, they do not escape the fashion of an identity camouflaged by simple initials or a (new) artwork pumped from the work of the now unavoidable Costin Chioreanu but nevertheless successful. Similarly, the tribute they owe to the whole wave of Swedish black metal in the 90s in general and to Dissection and Necrophobic (precisely) in particular can only jump to their ears. But, by raising the heavy pole of creativity directly connected to darkness, they are not far from making us forget that they are only the offspring of a long tradition whose allegiance they perpetuate to the spirits of the night. From the eponymous intro, "Sounds From The Vortex" presses the switch, filling the room with a sprawling darkness, menacing guitars and a song flayed like vomit from a millennial gargoyle. If the tempo remains throughout, sustained, relentless war machine launched at full speed through the meanders of the human soul, The Spirit allows itself reptilian perforations that effectively break the tumult of twilight brutality as the six strings pass from the scalpel to the brush soaked in a dark beauty. The immense (in all respects)'The Clouds Of Damnation' is a testament to this, an epic piece lasting more than seven minutes that sums up the way in which the Germans build a powerful and emotional, tenebrous and clear architecture all together. Hammering a bloody ground, bruised by deep cracks, the terminal "Fields Of The Unknown" also illustrates in the most vibrant way this torrentuous expression in its brutality combined with despair. The duration of the titles offers their authors the necessary space to gallop through the sinuous abysses of a cosmic multiverse. While it should not be confused with an unavoidable host, the fact remains that "Sounds From The Vortex" allows The Spirit to strike a blow from the outset, delivering an album of inspired and formidable black death that lacks only a little personality and one or two additional tracks that would have added to a menu that spins too fast. (01/09/2018) 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire