22 février 2019

KröniK | Monster Truck - True Rockers (2018)


Il est des succès qui sont plus mérités que d'autres. Tel est celui que Monster Truck rencontre depuis cinq ans et un galop d'essai, "Furiosity", du feu de dieu. Un an plus tard, "Sittin' Heavy" n'a pas fait que confirmer le potentiel de son prédécesseur, il l'a amplifié, permettant aux Canadiens de franchir un palier supplémentaire autant en terme de succès que d'inspiration. Vient aujourd'hui le temps du troisième album, étape toujours cruciale dans la carrière d'un groupe, et que le quatuor n'avait pas le droit de rater. Son nom, "True Rockers", sonne comme une déclaration, même si nous ne doutons pas un seul instant que les gars soient en effet de vrais rockers.

Au moins, ce titre, simple et claquant, résume  parfaitement le propos des Nord-Américains : s'inscrire dans une tradition heavy et sans fioritures, celle décomplexée des années 70 et 80. Quoi de mieux dans ce cas que faire appel à Dee Snider, pour épauler au chant le bassiste Jon Harvey, le temps d'un 'True Rocker' justement, brûlot qui lance l'écoute avec une efficacité énervée. La voix puissante du légendaire frontman de Twisted Sisters donne au morceau tout son sel, en lui conférant un aspect dur et agressif inattendu. Après une telle entrée en matière, le menu poursuit sa route en jouant davantage encore que ses devanciers, sur un savant dosage entre énergie velue et flamboyance émotionnelle. Entre classic rock et stoner, que saupoudrent une touche de blues et une pincée de rock sudiste, la recette demeure inchangée mais elle a pris du corps et de l'âme. En l'espace d'à peine quarante minutes, Monster Truck aligne onze pistes qui sont autant de grenades laissant de profondes cicatrices dans la mémoire. La prise de son est énorme sans pour autant être froide, enrobant au contraire d'une patine chaude et humide des instruments qui rivalisent de présence, à l'image de ces claviers généreux à l'arôme seventies ('Thundertruck'). La rythmique est tannée comme le vieux cuir, elle bétonne d'un socle épais les titres les plus lents et bluesy tels que 'Devil Don't Care' et 'Undone', lequel fait davantage parler l'émotion que la poudre grâce à la guitare rutilante de Jeremy Widerman. Dans ce même registre gorgé de feeling, le terminal 'The Howlin'' constitue une autre démonstration de beauté pure, qui permet de terminer l'écoute en apothéose, sur une note orgasmique. Parfois en mode tronçonneuse ('Being Cool Is Over', 'In My Own World'), fédérateur toujours ('Denim Dager'), "True Rockers" arbore également un visage plus surprenant, quasi pop entre un 'Evolution' sucré et un 'Young City Heart' hyper accrocheur, emporté par un mouvement entraînant, sans que les Canadiens n'oublient de durcir le trait avec un tempo de bûcheron, gras et buriné. Fort de ce troisième album, Monster Truck poursuit son ascension. Il confirme au passage quel (très) grand groupe il est, additionnant classe et énergie au service d'une écriture efficace. (26/08/2018) ⍖⍖⍖⍖




There are successes that are more deserved than others. This is the one Monster Truck has been meeting for five years and a test run, "Furiosity", of the fire of God. A year later, "Sittin' Heavy" not only confirmed the potential of its predecessor, it amplified it, allowing Canadians to take it to the next level in terms of both success and inspiration. Today comes the time of the third album, a crucial step in a band's career, which the quartet was not allowed to miss. His name, "True Rockers", sounds like a statement, even if we don't doubt for a moment that the guys are indeed real rockers. At least, this title, simple and slamming, perfectly sums up the North Americans' intention: to be part of a heavy and unadorned tradition, the one free of complexes of the 70s and 80s. What could be better in this case than to call on Dee Snider, to support bassist Jon Harvey on vocals, for the duration of a "True Rocker" precisely, a fire that starts the listening with an irritated efficiency. The powerful voice of Twisted Sisters' legendary frontman gives the song all its salt, giving it an unexpected hard and aggressive look. After such an introduction, the menu continues on its way, playing even more than its predecessors, on a clever mix of hairy energy and emotional flamboyance. Between classic rock and stoner, sprinkled with a touch of blues and a pinch of southern rock, the recipe remains unchanged but it has taken on body and soul. In just forty minutes, Monster Truck aligns eleven tracks that are as many grenades leaving deep scars in the memory. The sound recording is enormous without being cold, wrapping a warm and humid patina around the instruments that rival each other in presence, like these generous seventies-aroma keyboards ('Thundertruck'). The rhythm is tanned like old leather, it concretes with a thick base the slowest and bluesy tracks such as "Devil Don't Care" and "Undone", which makes emotion speak louder than powder thanks to Jeremy Widerman's brilliant guitar. In this same register full of feeling, the "The Howlin" terminal is another demonstration of pure beauty, which allows to end the listening in apotheosis, on an orgasmic note. Sometimes in chainsaw mode ('Being Cool Is Over','In My Own World'), always unifying ('Denim Dager'), "True Rockers" also has a more surprising face, almost pop between a sweet "Evolution" and a hyper catchy "Young City Heart", carried away by a catchy movement, without Canadians forgetting to harden the line with a fat and burnt-out lumberjack tempo. With this third album, Monster Truck continues to grow. He confirms in passing what a (very) large group he is, adding class and energy to the service of effective writing. (26/08/2018)

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