14 janvier 2019

A lire | Octopus - Supernatural Alliance (2018)


A défaut de briller par sa personnalité, cet opus séduit par son écriture aussi ciselée qu’efficace et par l’aura charnel que dégage sa vocaliste

Si l’époque où Rise Above affolait l’érectomètre en publiant les rondelles de Diagonal, Astra, Circulus, Uncle Acid And The Deadbeats et autre Blood Ceremony, paraît un peu révolue, on peut cependant toujours compter sur le label de Lee Dorian (With The Dead et ex Cathedral bien sûr) pour nous faire découvrir des groupes excitants. Tel est donc le cas de Octopus dont le potentiel orgasmique est inversement proportionnel à la banalité de son patronyme. Nouveau venu peut-être, le combo de Detroit a été formé en 2008 par un guitariste qui lui, ne l’est pas, puisqu’il s’agit l’ex Electric Six, J. Frezzato.

La belle Masha Marjieh est à ses côtés dès le début au sein d’un line-up peu à peu complété, par un claviériste (Adam Cox) tout d’abord, puis par la section rythmique Matt O’Brien (basse) et Todd Glass (batterie). Comme on pouvait s’y attendre, Octopus officie dans un style rétro biberonné aux années 70, muse fertile dont on ne compte plus les groupes qui la butine avec une jouissance gourmande en évitant, pour le moment encore, l’indigestion. Bref, rien de neuf à première vue, à l’horizon de ces Américains qui cochent ainsi toutes les cases du hard rock vintage avec des seins. Prêtresse sexy, orgue humide qui dégouline de partout et riffs tour à tour groovy ou épais comme une marée noire alimentent ce « Supernatural Alliance » aussi sensuel que survitaminé. Mais ce galop d’essai a pour lui, outre son énergie contaminatrice, un sens imparable de l’écriture qui fait mouche, recueil de pépites qui toutes laissent d’immédiats stigmates dans la mémoire. A leur écoute, on devine qu’elles sont le fruit d’une longue macération, parfaitement rodées pour exploser les cages à miel. Leur potentiel scénique est évident comme si elles avaient été conçues pour mettre le feu à des amplis Orange dressés comme des totems enrobés de fumigènes. Si chacun de ces titres mériterait droit de cité, il convient de souligner plus particulièrement la puissance de séduction du reptilien ‘Black Dynamite’, l’ensorcelant ‘Child Of Destiny’ que gorgent des claviers aux couleurs progressives, sans oublier le quasi sabbathien ‘Dragonhead’ ou bien encore l’éponyme ‘Supernatural Alliance’ qui luit d’un éclat noir. Le point G est atteint avec ‘Fleetwood Mac’, titre séduisant et promesse d’une lente montée du désir, tendre d’abord avant d’exploser en un geyser psyché et seventies. Clé de voûte de l’édifice, le chant de Marsha n’est bien entendu pas étranger au charme magnétique qu’exerce ce premier album qu’elle enrobe d’une suavité moelleuse et féline, chatte qui ronronne de plaisir et sort les griffes en même temps. A défaut de briller par sa personnalité, cet opus séduit par son écriture aussi ciselée qu’efficace et par l’aura charnel que dégage sa vocaliste. Un groupe franchement prometteur à tout le moins.  (05/09/2018)


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