On peut toujours compter sur Sergiy Fjordsson
pour déverser avec largesse, entre deux albums longue durée de Moloch, ces
miettes que les prêtres de la chapelle noire affectionnent tant. De fait,
depuis « Verwüstung » en 2014, ce n'est pas moins de onze (!) petites
offrandes que l'Ukrainien a gravé dans ses montagnes éternellement enneigées,
entre EP (un peu), dont le formidable « Horisont », et splits
(surtout), qui lui ont permis de mêler son sang dépressif à celui de formations telles que Krieg, Nunslaughter, Wedard,
Frostmonn Eclipse ou I Shalt Become. Dernière alliance en date (jusqu'à la
suivante), celle qu'il partage avec Gurthang, prend la forme d'un simple 7'',
édité par le label américain Give Praise Records et long d'à peine huit
minutes. C'est maigre mais qui aime la semence intarissable du solitaire ne
peut faire l'économie de cette rondelle encore une fois digne d'intérêt. Pour
l'occasion, Moloch se fend de deux pistes, forcément trop courtes à notre goût,
quand bien même cette durée resserrée n'enlève rien ni à leur sinistre beauté
ni à leur intensité émotionnelle. Instrumentale et baptisée 'Das UralteVerweilt
Darzwischen », la première répand cette brume ambient, lugubre et
hivernale qui ne surprendra pas le fidèle mais qui fait toujours son petit
effet, cependant que 'Unendlichkeit' offre un visage plus black metal, grâce
aux vocalises hurlées du maître des lieux, que drapent toutefois ces nappes
électroniques et mélancoliques typiques, en un linceul nocturne figé par une
lenteur pétrifiée. Bref, rien que nous ne connaissions déjà mais en l'espace de
quatre minutes, Sergiy démontre si besoin en était encore que sa signature
reconnaissable entre mille peut parfaitement s'adapter à un format trapu, à des
années lumière des complaintes étirées qu'on préfère pourtant le voir tisser. De
leur côtés, les Polonais emplissent la face B de leurs râles funéraires. 'Of
Decay And Solitude' macère tout d'abord dans le humus hermétique du Burzum
carcéral avant racle les chairs d'un black monotone, prisonnier d'une croûte de
désespoir. Tempo lancinant, chant écorché et guitares trempées dans une lèpre
rouillée définissent une plainte morbide qui se faufile dans une cavité
ténébreuse. Modeste par sa durée mais grand par sa valeur, ce split s'avère en
définitif des plus recommandables, surtout pour la contribution de l'Ukrainien,
moins anecdotique que celles qu'il a pu enfanter pour de précédentes alliances.
Mais cela, vous l'avez déjà compris ! (2016)
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