8 décembre 2016

KröniK | Moloch / Gurthang - Split (2016)


On peut toujours compter sur Sergiy Fjordsson pour déverser avec largesse, entre deux albums longue durée de Moloch, ces miettes que les prêtres de la chapelle noire affectionnent tant. De fait, depuis « Verwüstung » en 2014, ce n'est pas moins de onze (!) petites offrandes que l'Ukrainien a gravé dans ses montagnes éternellement enneigées, entre EP (un peu), dont le formidable « Horisont », et splits (surtout), qui lui ont permis de mêler son sang dépressif à celui de  formations telles que Krieg, Nunslaughter, Wedard, Frostmonn Eclipse ou I Shalt Become. Dernière alliance en date (jusqu'à la suivante), celle qu'il partage avec Gurthang, prend la forme d'un simple 7'', édité par le label américain Give Praise Records et long d'à peine huit minutes. C'est maigre mais qui aime la semence intarissable du solitaire ne peut faire l'économie de cette rondelle encore une fois digne d'intérêt. Pour l'occasion, Moloch se fend de deux pistes, forcément trop courtes à notre goût, quand bien même cette durée resserrée n'enlève rien ni à leur sinistre beauté ni à leur intensité émotionnelle. Instrumentale et baptisée 'Das UralteVerweilt Darzwischen », la première répand cette brume ambient, lugubre et hivernale qui ne surprendra pas le fidèle mais qui fait toujours son petit effet, cependant que 'Unendlichkeit' offre un visage plus black metal, grâce aux vocalises hurlées du maître des lieux, que drapent toutefois ces nappes électroniques et mélancoliques typiques, en un linceul nocturne figé par une lenteur pétrifiée. Bref, rien que nous ne connaissions déjà mais en l'espace de quatre minutes, Sergiy démontre si besoin en était encore que sa signature reconnaissable entre mille peut parfaitement s'adapter à un format trapu, à des années lumière des complaintes étirées qu'on préfère pourtant le voir tisser. De leur côtés, les Polonais emplissent la face B de leurs râles funéraires. 'Of Decay And Solitude' macère tout d'abord dans le humus hermétique du Burzum carcéral avant racle les chairs d'un black monotone, prisonnier d'une croûte de désespoir. Tempo lancinant, chant écorché et guitares trempées dans une lèpre rouillée définissent une plainte morbide qui se faufile dans une cavité ténébreuse. Modeste par sa durée mais grand par sa valeur, ce split s'avère en définitif des plus recommandables, surtout pour la contribution de l'Ukrainien, moins anecdotique que celles qu'il a pu enfanter pour de précédentes alliances. Mais cela, vous l'avez déjà compris ! (2016)

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